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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'autre Dumas
France / 2010
10.02.2010
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LES DRAMES DE L’AMER
« - Ah, Berlioz ! Si j’étais musicien, je serai lui ! »
Safy Nebbou nous avait surpris avec ses films où des personnages en quête d’identité en arrivaient à des actes presque irrationnels. Sur le papier, L’autre Dumas abordait le même sujet, dans un contexte historique, littéraire, véridique. Trois éléments qui engoncent l’inspiration de Nebbou jusqu’à l’étouffer et rendre le film trop classique pour nous envoûter. Cela dit, L’autre Dumas n’est pas inintéressant et le duo Depardieu (la diva, hâbleur et charismatique) / Poelvoorde (le dépressif, coincé) est suffisamment bien écrit et équilibré pour donner à leurs joutes théâtrales le souffle qui manque parfois dans le scénario. Mais étrangement, sans doute parce que le réalisateur est davantage attiré par les rivalités féminines que par les combats de coqs, ce sont Dominique Blanc, solaire, extraordinaire même déguisée en Médicis, merveilleuse, tendre, touchée et touchante, et Mélanie Thierry, fougueuse et absolue, qui nous séduisent et donnent la couleur du film à chaque fois qu’elles apparaissent.
Le bal costumé ajoutera à tous les protagonistes une cruelle scène où les masques tombent et les faux semblants se dissipent, mais on est loin de celle de Ridicule ou des Liaisons dangereuses en matière de mise en scène.
La bouffonnerie est en fait souvent trop sérieuse… Tragicomédie, ce bal des Misérables insuffle surtout la frustration de ne pas être reconnu comme on l’espère comme moteur des énergies dépensées à construire, ou à gâcher, sa vie.
Hélas, la relation ambivalente entre les deux hommes est trop linéaire, trop dominatrice pour l’un, soumise pour l’autre pour que l’alchimie soit complexe et dépasse le stade binaire. Si les deux sont menés par le bout du nez par leurs femmes, l’un s’en sort car il met en scène sa vie en permanence quand l’autre court après des rêves. Rarement on avait vu un personnage aussi « looser » que celui de Poelvoorde quand, Depardieu nous rejoue Cyrano façon panache.
Leur enchaînement l’un à l’autre, la star et son serviteur dont on oublie le nom, le désiré et l’humilié, aurait pu être un Souper bis. Un couple infernal où les idées de l’un fusent jusqu’à rebondir sur celles de l’autre. Un jeu de miroir, un peu terne ici. Surtout on ne comprend pas bien pourquoi l’époque et la politique s’en mêlent. Tout est trouble et cela perturbe même la fluidité du script. Confus pour celui qui ne connaîtrait pas par cœur la moitié du XIX e siècle, on se perd un peu dans les dédales des faits et des enjeux. L’œuvre est davantage dans son registre quand elle s’inscrit dans la relation duale entre le génie et son nègre. Le talent ne suffit pas, il faut de la chance. Et là, le film passe à côté de sa bonne étoile, à côté d’un éclat qui aurait donné plusieurs dimensions à ce scénario.
Il reste la mise en abyme. Pour des acteurs, jouer des artistes qui comprennent qu’on ne peut être un autre que soi est une manière de s’exhiber à nu, de se livrer, lucide, à une vérité vorace : à force de jouer des avatars, on se perd. Mais « il faut parfois bien des mensonges pour connaître la vérité. » Et si finalement ce film n’était autre qu’un éloge de l’imposture ?
vincy
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