Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Achille et la tortue (Akiresu to kame)


Japon / 2010

10.03.2010
 



RENAISSANCE / RECONNAISSANCE





«- Naître, devenir célèbre, riche, mourir.»

Avec Achille et la Tortue, Takeshi Kitano clôt un triptyque consacré à sa condition d’artiste. Si ses deux précédents volets déstructuraient la narration afin de reconsidérer le rapport du cinéaste japonais à la comédie (Kateshi’s pour Beat Takeshi l’humoriste TV) et à la réalisation (Glory to the Filmmaker pour Kitano le grand cinéaste acclamé), ce dernier chapitre propose une cohérence narrative toute différente et assez proche, en fin de compte, de A Scene at the Sea ou encore Dolls. Sans perdre ce ton tragi-comique dont il a le secret, nous pouvons voir à travers Achille et la Tortue l’aboutissement d’une réflexion sur le processus créatif en tant que tel.

Pour ce faire, le réalisateur met en image une fable souvent ironique, par moment touchante, mais traçant au plus profond de l’intime le cheminement créatif d’un peintre sans succès (autre aspect artistique dans lequel Kitano s’est illustré par le passé) à trois moments clés de son existence : l’enfance, la jeunesse, la maturité. Comme la tortue, Machisu (interprété par trois acteurs différents et par Beat Takeshi lors de la troisième séquence) avance vaille que vaille malgré des évènements extérieurs parfois douloureux et paradoxaux compte tenu du comportement de ce dernier. En effet, rien ne semble entamer son désir de peinture. Ni le suicide de son père, ni la perte de ses amis, ni la mort de sa fille. L’hermétisme de façade du personnage aux choses de la vie façonne, étape par étape, l’artiste autiste si cher au réalisateur qui, dans ce cadre précis, ne semble « percevoir » que par le prisme de la peinture. Ainsi la fiction rejoint la réalité et la réalité transparait dans la fiction.

L'art prédomine sur le court de la vie

Le film ne parle que de cela. De cette prédominance de l’art sur le court de la vie, sur l’entourage, les drames, les joies et même, pour un temps, l’amour. Malgré l’ironie d’un Kitano envers les théories de l’art, la peinture n’est jamais un sujet de dérision et remplace les manques de l'artiste pour devenir ce rêve éveillé capable de supporter les épreuves de la vie sans en altérer sa raison d’être fondamentale. Peu importe si le succès n’est pas au rendez-vous puisque l’étape qui compte est celle du processus. Même drôle (l’enfant qui arrête les trains pour mieux les dessiner), dangereux (rouler à pleine vitesse contre un mur chargé de peinture) ou loufoque (tous les essais de Machisu adulte avec sa femme méritent le détour), l’acte créatif devient la raison même de l’essai, du risque, de l’émoi artistique.

Pour autant il ne faudrait pas s’y tromper, Kitano porte un regard tendre et sincère sur son personnage qui aura sacrifié sa vie entière à la peinture. Le constat final est amer mais pas désespéré puisque que sa femme l’aura accepté, soutenu et surtout compris durant toutes ces années. Takeshi Kitano signe un film intelligent à la fois moqueur, réaliste et féérique, questionnant sans cesse le rapport d'un artiste à son art comme à son existence. Le dernier plan est, sur ce point, plus que révélateur.
 
geoffroy

 
 
 
 

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