Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Sweet Valentine


France / 2010

02.06.2010
 



SONIA ET SON JULES





« - Tes jolie. T’as jamais pensé à te refaire le nez ? »

Emma Luchini compose un joli tableau en six actes. Portrait d’un couple improbable où la résignation du mâle ploie sous la détermination de la femme. L’amour plus fort que tout. A la fois road-movie et comédie romantique, film de voyou et mélo coloré, elle puise dans les cinémas de Sirk, Almodovar, Godard et Fellini toutes les influences nécessaires pour donner une dimension (filiation ?) cinématographique à son humble film. Mais loin d’être à bout de souffle, grâce à quelques pauses respiratoires, Sweet Valentine déroule placidement son histoire d’amour impossible, à sens unique. La fille, candide et malicieuse Vanessa David, devient mère, pour le bien de son Homme, Vincent Elbaz, tueur, escroc, salaud, âme damnée charismatique mais hygiénique. Il se soumettra à la volonté de son ange gardien, pour se sauver.
Dans cette spirale infernale, le scénario se découpe en six épisodes presque systématiques. L’arnaque qui rate dans un Paris populaire. La retraite qui foire, dans une belle maison isolée. Le plan « coke » qui échoue, dans une banlieue marginale. A chaque fois le duo croise d'autres personnes, toutes aussi paumées, oisives, en mal d’affection. Puis le film se concentre un peu plus sur le duo, de plus en plus seul au monde. Il rencontre un héritier célibataire et radin. Tentation, envie, jalousie. Ils font étape dans un cirque en grève. Bohème, liberté, mais ce n’est pas leur vie. Et l’épilogue conduira à une rédemption, où il faudra prendre des coups (punition) et une décision (pardon). Cela donnera une séquence rappelant La Piéta de Michel Ange, avec Elbaz en Christ, dans les bras de de David, Marie pleine de compassion.
Car il semble bien que l’itinéraire de ce malfrat s’arrête avec la rencontre de cette jeune femme naïve. Même si l’on ne sent jamais réellement l’amour qu’elle porte pour lui, hors d’une admiration de midinette, elle agit comme un sortilège qui lui porte la poisse, ou qui, en bonne sainte, l’empêche de mourir précocement. Il faut dire qu’il est difficile à aimer ce dangereux et orgueilleux impulsif… Elle a la foi autant qu’il est aux abois.

Emma Luchini distille son style, un peu décalé, ses dialogues parfois absurdes et drôles, avec des personnages un peu barrés et même parfois pittoresques, toujours attachants. Sweet Valentine est élégant et attrayant. Presque mutique. Comme si les maux, plus que les mots, suffisaient pour souder deux individus. Fil invisible où la souffrance partagée vaut tous les bonheurs artificiels.

C’est aussi la limite du film : sa poésie oublie parfois la psychologie, et lui enlève cette profondeur qu’on attendait avec impatience. Luchini a préféré finir sur une emprise possessive qui interroge sur les desseins, qu’on pourrait considérer comme malsains, d’une femme qui a trouvé un objet de fantasme à chérir. De cette absence de partage naît le sentiment d’une œuvre pas assez généreuse, malgré son aspect sincèrement chaleureux.
 
vincy

 
 
 
 

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