Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Les trois prochains jours (The next three days)


USA / 2010

08.12.2010
 



UN REMAKE QUI MANQUE DE CROC





«- Pourquoi fais-tu cela ?
Parce que nous n’avons pas le choix.
»

Malgré deux réalisations de bonne facture (Collision mais surtout Dans la vallée d’Elah), Paul Haggis reste avant tout un scénariste de talent ayant signé Million dollar baby, Casino Royale et Mémoires de nos pères. Pour son troisième long-métrage, un thriller, le cinéaste américain retranscrit, parfois à la virgule près, le film de Fred Cavayé, Pour Elle. Plus proche de la transposition fade sans imagination que de l’adaptation plus ou moins libre censée nous rappeler, à l’occasion, la trame originale, Les Trois prochains jours déçoit forcément niveau écriture. Moins resserré que son homologue français, les 30 minutes supplémentaires de cette version bis n’apportent, hélas, aucune plus-value dramatique à l’histoire. L’action prend le pas sur la psychologie, les scènes finales s’enchaînant sans temps mort pour se rapprocher du bon vieux polar à l’américaine avec sa course poursuite finale certes bien foutue mais ultra classique dans sa démonstration.

L’histoire est donc la même. Sans surprise pour ceux qui ont vu le film de Cavayé. Sans intérêt aussi puisque l’adaptation se veut fidèle. Mais que reste t-il, alors ? Une différence de style. Soit l’essentiel, en somme, lorsqu’il n’y a pas de créativité scénaristique assumée. Pour tout dire, le thriller de Paul Haggis s’éloigne de l’aspect froid, abrupt et terne d’un Cavayé très à l’aise pour retranscrire la mise sous tension progressive d’un homme se marginalisant. Si la transgression demeure, le côté factuel des situations prend le dessus sur l’attitude jusqu’au-boutiste d’un John prêt à tout pour sauver celle qu’il aime. En quelques bobines celui-ci devient une détermination crédible, sorte d’anti-héros US caractéristique capable de déjouer les flics comme un véritable professionnel. Sans crier gare, le changement s’opère selon un axe déformant faisant de John un super-père au grand cœur. Constat : nous sommes bel et bien devant l’archétype du thriller « ricain » du seul contre tous à la morale sauve.

Si le mano a mano entre John et les flics dynamise un film ayant bien du mal à nous emprisonner dans la psychologie du personnage principal, il l’inscrit malheureusement dans une dimension assez basique du type : se fera t-il prendre ?, ou arrivera t-il à sauver sa femme ? Cette lecture, trop simpliste par rapport à l’enjeu initial, ruine l’idée du basculement d’un homme ordinaire vers la marginalité, la solitude et l’illégalité. Soulignons néanmoins que dans ce registre le choix de Russell Crowe est parfait. Ne surjouant jamais, son naturel fait la différence pour rendre l’attitude de John aussi crédible que sincère.

Les Trois prochains jours n’apporte pas grand-chose de neuf au film de Cavayé. Pire, il n’évite pas l’excès de bonne conscience en nous livrant sur un plateau la vérité concernant la culpabilité de Lara. A quoi bon se livrer à de telles révélations puisque le film fonctionnait au travers de cette ambiguïté fondamentale, ambiguïté nécessaire aussi bien pour le personnage principal que pour le spectateur. Paul Haggis n’a pas laissé le trouble nous guider jusqu’à la fin, lui préférant un happy-end malhabile mais somme toute logique au regard de cette adaptation cadenassée sans grosse prise de risque.
 
geoffroy

 
 
 
 

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