Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Tourist


USA / 2010

15.12.2010
 



TEMPS MORT A VENISE





"Je préférerais un homme qui n’en fait qu’à sa tête"

Avait-on vraiment besoin de ce remake auprès duquel l’original, le pourtant très inégal Anthony Zimmer, passera désormais pour un petit bijou d’humour, de charme et d’action ? La réponse est dans la question, et l’on est franchement surpris de voir les Américains déployer un tel éventail de talents (Jolie, Depp et surtout Florian Henckel von Donnersmarck, le réalisateur "oscarisé" pour La vie des autres en 2007) pour raconter une seconde fois cette histoire d’espionnage surannée et inoffensive.

Alors que le film de Jérôme Salle s’efforçait de rester dans le registre du polar (femme fatale, suspense, machination), les scénaristes de The tourist ont eux essayé d’éliminer méthodiquement tout code du film de genre et surtout, toute cause de stress. On connaît donc dès le départ les grandes lignes de l’intrigue dont le film ne s’éloignera jamais : un demi-rebondissement, deux malheureuses scènes d’action, des tonnes de dialogues plus ou moins lénifiants, avant d’accéder au twist final qui, lui, est réglé en moins d’une minute. Tout ça pour ça ?

Restent les différents "atouts charme" que Florian Henckel von Donnersmarck utilise à la manière d’Hollywood (il apprend vite) : sans inventivité mais sans fausse note. Ainsi, Venise est filmée comme dans un clip touristique, ville sublime remplie de palaces et peuplée de gens beaux et riches. On s’étonne presque que ce ne soit pas le carnaval pour faire encore plus carte postale ! Par contre, il n’est venu à l’esprit de personne de se servir du potentiel naturel de ses ruelles étroites et tortueuses pour imaginer une course-poursuite haletante. Pas assez chic (et trop discret ?) : les personnages ne se déplacent qu’en bateau privé sur le grand canal.

Cela dit, ça va avec le personnage complètement tartignole campé par Angelina Jolie, vraiment pas au mieux de sa forme. La malheureuse actrice se dandine dans des tenues terriblement apprêtées et n’a d’autres ressources que de sourire beaucoup. Alors que le spectateur, lui, n’a qu’une envie : la voir décoiffée, ses belles robes de soirée en lambeaux, son maquillage ravagé…mais vive et animée. Reprenez cette poupée figée et rendez-nous Lara Croft. Maintenant. Et tant que vous y êtes, annulez cette nomination aux Golden Globes. Le ridicule ne tue pas mais il ne faut pas pousser.

Johnny Depp (lui aussi cité aux Golden Globes, à croire que les votants manquaient de candidats) n’est guère mieux loti, dans la mesure où il a peu de choses à jouer. Empâté et maladroit, il met encore moins de conviction à faire la victime que le joli-cœur, c’est dire. Et pourtant, le duo qu’il forme avec sa partenaire ne fonctionne pas si mal que ça, surtout dans l’adversité. Les deux scènes d’action centrales (une poursuite sur les toits et une autre en bateau) sont même plutôt de bonne facture. On a un moment l’espoir que le film décolle, se libère de son modèle et ose nous surprendre enfin. Hélas, c’est peine perdue. Angelina va se recoiffer, Johnny enfile un smoking blanc, Paul Bettany monte un cran dans l’hystérie… et le reste de l’histoire se déroule implacablement jusqu’à son inévitable happy end. The tourist, finalement, c’est peut-être le surnom de celui qui a accepté de mettre de l’argent dans ce projet bancal et sans intérêt. On n’ose pas ajouter : ou celui de Florian Henckel von Donnersmarck qui s’est laissé tourner la tête par Hollywood, ses budgets colossaux et ses stars glamour. Pourvu qu’il rentre en Allemagne par le prochain avion.
 
MpM

 
 
 
 

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