Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Paul


USA / 2010

02.03.2011
 



RENCONTRE DU 3e TYPE





"En Amérique, tout le monde est un alien"

Bien sûr, le plus extra-terrestre n’est pas celui que l’on croit ! Entre Graeme et Clive, deux geeks un peu coincés qui se comportent comme des ados attardés, et Paul, l’extra-terrestre quasiment hippie qui a parfaitement intégré les codes de la société américaine, le choc culturel n’est pas exactement celui que l’on aurait pu imaginer. Les deux humains sont perdus dans un univers qu’ils ne connaissent pas (l’Ouest profond des Etats-Unis) tandis que l’extra-terrestre a baigné dans la culture pop qui leur sert de référentiel depuis son arrivée sur terre. Mieux, il est à l’origine de certains des plus grands mythes de science fiction qui les font rêver. Ainsi, est-il parfaitement à l’aise en toute situation tandis que les deux humains vont de découvertes perturbantes en découvertes angoissantes.

Mais qu’on se rassure, Paul n’a rien d’un psychodrame torturé sur la recherche d’identité ou la nécessité de trouver sa place et s’il aborde ces questions, c’est avant tout pour en rire. Et là pas de doute, cela fonctionne car tous les aspects de ce road-movie mi-hippie, mi-fantastique sont jubilatoires. Prenons les dialogues : décalés et savoureux, surtout dans la version originale qui joue sur le contraste entre l’accent britannique guindé en toutes circonstances de Graeme et Clive et le vocabulaire fleuri de Paul et de Ruth, la jeune femme que le trio enlève par erreur. Les situations sont tout aussi réussies, alternant séquences intimistes hilarantes ou tendres (Paul aime griller des saucisses et fumer des joints autour du feu) et scènes d’action qui permettent à l’intrigue de ne pas s’essouffler.

Car c’était là le risque : tourner en rond une fois la première surprise passée. Or le scénario, même s’il suit une trame éminemment classique, parvient malgré tout à surprendre et relancer l’attention à intervalles très réguliers. Il joue principalement pour cela sur la personnalité et les antagonismes des personnages. Les deux Anglais sont écrits avec beaucoup de finesse et semblent plus vrais que nature, bien qu’ils soient relativement archétypaux. Le rôle de Ruth est une invention explosive qui va crescendo dans une sorte de jusqu’au-boutisme assumé. Quant à Paul, il mêle profondeur et superficialité, humanité et lassitude, humour trash et altruisme.

Un cocktail de personnalités détonnant qui permet au film de ne presque fonctionner que grâce à eux. Indéniablement, les acteurs y sont pour beaucoup. La complicité entre Simon Pegg et Nick Frost (Shaun of the dead) crève l’écran de même que leur implication dans le sujet du film, qu’ils n’ont pas choisi par hasard. Il faut être un peu geek soi-même pour réaliser une composition aussi équilibrée et touchante d’individus souvent caricaturés…

Et puis il y a le surtexte du film, truffé de références aux grands films populaires de science fiction comme E.T., Alien ou Rencontres du 3e type, mais aussi très ancré dans notre réalité. Paul permet en effet à tous ceux qui le rencontrent de voir leur vie, et le monde, de manière différente. Cela vaut pour Ruth, créationniste acharnée, comme pour Graeme et Clive, qui changent l’ordre de leurs priorités et se découvrent de nouvelles valeurs. Pour un film qui parle d’aider un extra-terrestre en cavale au péril de sa propre vie, le message humaniste, universaliste et solidaire était sans doute la moindre des choses, mais pourquoi jouer les cyniques blasés : on peut être à la fois drôle, intelligent et sincère, non ?
 
MpM

 
 
 
 

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