Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Good Thief (L'homme de la Riviera)


Irlande - Canada / 2003

13.08.03
 



THE TRUTH ABOUT BOB





"- Procedure is Procedure, ça fait très groupe techno de Düsseldorf."

Simultanément, Jonathan Demme et Neil Jordan - pas des deux de pique - ont voulu réactualiser des classiques (Charade pour l'un, Bob le Flambeur pour l'autre) dans une France "contemporaine". Il est d'ailleurs fascinant de voir que les deux cinéastes ont une vision de la France relativement similaire : musique world (pour ne pas dire techno ethno), personnages immigrés, couleurs bleues grises, alliance entre les flics et les voleurs, quartiers un peu sordides de Paris ou de Nice, et si l'un utilisait Aznavour, l'autre s'amuse de Johnny. Nous nous trouvons entre le cliché nostalgique et une vision caricaturale de ce qu'est la France d¹aujourd'hui, créant ainsi l'imagerie d'Epinal de demain. Cependant, si Demme s'est ramassé là où Frankenheimer (avec Ronin) était parvenu à mixer le charme touristique à l'action hollywoodienne, Jordan (européen) se rapproche plus de la tentative d'un De Palma (résidant à Paris), de vouloir revisiter les codes du genre.
The Good Thief, traduit en VF par L'Homme de la Riviera, est le produit d¹un métissage étrange entre un film de casse (depuis Haute Voltige et Ocean's 11, la concurrence pour le casse du millénaire est rude), un film noir (avec un héros déchu à la Bogart), et un film d'auteur (ce que Jordan est assurément).
Côté casse, on félicitera les scénaristes de nous avoir bien manipulés et nous livrer le braquage le plus invisible du cinéma. Il n'y a pas d'ironie. Le scénario s¹amuse à déjouer la narration habituelle en créant un faux casse et en attirant volontairement tout ce ques les voleurs veulent éviter : le mouchard, le traître, les flics... Côté film noir, assurément la meilleure partie, Jordan dessine un portrait d¹un homme sur le déclin, pour ne pas dire en pleine déchéance.
Comme le cinéma d'antan, ce Bob qui ne flambe plus que ses illusions perdues, est l'archétype du mec dépassé par son époque. Il trouvera sa renaissance dans une jolie pute bosniaque, dans cette jeunesse qui lui a définitivement échappé. Nolte est admirable en vieux brisquard, toujours digne et chic, mais bien shooté par la came et imbibé d¹alcool. Son visage détruit par le temps et les abus collent bien à ce personnage qui ne sait plus marcher droit, dont les épaules s¹affaissent, où le corps semble en perpétuel déséquilibre. Une belle performance qui donne la tonalité de ce film inégal : tantôt blues, tantôt jazz.
Mais Jordan, à l¹instar de Demme, a voulu moderniser le propos et a préféré les consonances électro-chic. La mayo a, du coup, un peu de mal à prendre. Entièrement en anglais (même entre français), Jordan se complait parfois dans des écarts de style inutiles. Très proche de The Crying Game dans son atmosphère, porté par son casting 100% anglophone et très cosmopolite (allant de Taghmaoui à Fiennes, de Kusturica à Karyo), le film paraît bancal car jamais il ne cherche son rythme, préférant aligner les séquences plus ou moins réussies.
Les brefs arrêts sur image qui concluent les scènes apparaissent alors comme futiles. Et casse notre adhésion à une histoire pourtant pleine d'ambivalences. Certains personnages sont peut-être trop fouillés pour qu'on leur trouve de l¹intérêt parmi cette multitude de visages et de caractères déjantés (ça va des jumeaux au transsexuel). On sent bien Jordan chercher une voie plus expérimentale, qui lui soit propre en fait, pour raconter une histoire finalement maintes fois revisitée par le cinéma. Il essaie de montrer les détails à sa manière. Ces caïds ne sont pas bien méchants. Mais il épuise aussi le déjà vu : bel opéra avant l'arrivée au Casino, le beau coup de poker inévitable, la relation entre le gendarme et le voleur... Comme s¹il n¹allait pas jusqu'au bout de sa démarche expérimentale ou commerciale (puisque les deux se croisent). Le film n¹est pas un opéra, il se finit bien. Maintenant, comme le clame Nolte : "gagnant ou perdant, ce qui compte c'est l'élégance". Ni gagnant ni perdant, The Good Thief ne manque en effet pas d'élégance.
 
vincy

 
 
 
 

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