Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Twilight - chapitre 4 : Révélation, 1ère partie (The Twilight Saga: Breaking Dawn - Part 1)


USA / 2011

16.11.2011
 



LA VIERGE ET LES TUTEURS





«- Je ne t’ai pas tout dit sur moi.
- Quoi tu n’es pas vierge ?
»

Sans être le cou(p) du siècle, la première partie de Twilight 4 a plus de mordant que les deux précédents épisodes. Le changement de réalisateur a été salutaire. Certes, on n’évite pas la mièvrerie de la saga, ni quelques dialogues ridicules, ni même une séquence d’ouverture clichée (de la pluie, Taylor Lautner torse nu…). A force de cibler les adolescentes, les producteurs n’osent pas sortir du cadre « Bella et les garçons » quand il s’agit de romance. Et pour l’action, on reste toujours un peu sur notre faim. Il y en a peu, et souvent dans un cadre nocturne assez opaque.

Mais Bill Condon, grand adepte de comédies musicales, a su donner du rythme, même si le film n’évite pas quelques pesanteurs. Il sort aussi de l’univers balisé de la franchise en proposant, pour le pire vers la fin, mais plutôt pour le meilleur au début du film, des insertions (rêves, flash-backs, vie intérieure du corps de Bella, vision de Jacob dans les yeux du bébé…) assez stylisés. On évite ainsi le formatage. Regrettant tout de même que les maquillages (surtout Bella malade et la famille Cullen) et les effets spéciaux ne soient pas très réussis : la circulation sanguine de Bella fait penser à un documentaire sur le corps humain produit pour France 3, les voix humaines de la meute de loups ont des accents métalliques de robots…

Cependant Condon n’est pas coupable de tous les errements de cette première phase finale. Il est obligé de suivre un cahier des charges : le livre de Stephenie Meyer. Il sait aussi s’en sortir. Le mariage de Bella et Edward, qui occupe une bonne vingtaine de minutes au début du film – autant mettre des semelles de plomb à un film qui n’est finalement qu’un drame romantique -, ne manque pas d’humour décalé tant les discours sont volontairement nazes et militeraient presque contre le mariage et pour un génocide familial et amical. On pense aussi à cette réplique du père d’Edward qui comprend que le bébé a soif de sang : « J’ai mis du O négatif de côté ». Et Bella qui le boit comme un milk shake, paille comprise.

Tout cela n’empêche pas, hélas, le scénario, quand tout va plus mal, de se plonger dans des déclarations sentimentales et des dialogues assez insipides, qui massacraient déjà le troisième film et qui attirent toujours les moqueries de la salle. Le fait qu’ils soient moins longs, noyés dans des scènes mieux construites, mieux coupées, nous permet de ne pas nous ennuyer complètement.
On revient aussi au premier film, toujours le plus réussi de la série, avec une Bella Swan plus tourmentée et davantage en phase avec la psychologie des jeunes filles de son époque. Le stress de la lune de miel, donc de sa perte de virginité, la grossesse prématurée et inquiétante, la figent et l’obligent à transmettre une angoisse jusqu’ici peu palpable.

Bien sûr, Twilight est toujours aussi conservateur : on ne baise pas avant le mariage, on n’avorte pas, on se soumet même à la violence incontrôlable de son mari… Les féministes vont être ravis (au masculin car il y a aussi des hommes féministes) ! Heureusement Pattinson est aussi un bon mari, protecteur, et aussi efficace que Mary Poppins pour faire le rangement.
« Un bonheur imparfait vaut mieux qu’un amour impossible ». On pourrait l’appliquer au film si nous étions indulgents. Un film imparfait vaut mieux qu’un chef d’œuvre impossible. Mais nous pouvions être en droits de réclamer plus de tension, plus de sang. Car tout cela n’est qu’histoire de « bloody mariée ». Là où l’ombre de Rosemary’s Baby plane, Twilight 4 hésite (comme tous les personnages du film d’ailleurs). La scène d’accouchement n’a rien d’un heureux événement. Mais ce n’est pas non plus la scène d’horreur décrite dans le livre. On reste dans le suggéré très soft. Une grossesse mutante aurait pu offrir des séquences de cinéma frappantes. Il y a bien du sang lors de cette césarienne brutale. On devine que c’est atroce. Mais cela reste très pudique et assez furtif. On ne voit jamais le corps de Kristen Stewart nu, ni même un sein, à peine le ventre : le puritanisme cinématographique américain trouve là ses limites. Le sujet permettait quelque chose qui transforme notre regard sur cette jeune femme. On se retrouve avec une vision très distante de la sexualité et de la maladie. Où est le ressenti ?

Twilight 4 n’a donc que son histoire pour équilibrer tout ça : des scissions, sussions et trahisons, des alliances contre-nature et des pactes de confiance. Le happy end pacifiste n’est pas loin (enfin sauf pour le bébé qui hérite du nom le plus moche de l’histoire du cinéma). Il y avait quelque chose de plus saignant à tirer de cette aventure génétique : doit-on rester entre soi ou s’ouvrir aux autres ? Doit-on mordre ou craindre la mort ?
Contrairement à Jacob, nous ne sommes toujours pas « imprégnés » par Twilight. Même si Bella a de très beaux yeux rouges pour amorcer l’épilogue de cette saga fastidieuse.
 
vincy

 
 
 
 

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