Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Perfect sense


/ 2011

28.03.2012
 







CONTAGION

Si l’humanité perdait ses sens, à quoi vous accrocheriez-vous ? Cette question posée sur l’affiche du film semble appeler qu’une seule réponse : à l’amour. Perfect sense ose tenir le pari d’un film romantique dans un contexte de fin du monde. Il s’agit là bien d’un pari osé, car si bien évidement il y a toujours une romance dans les films d’apocalypse, celle-ci est toujours laissée de côté par rapport au destin de l’humanité. Pour ne parler que des récents : Contagion de Steven Soderbergh voulait montrer la propagation de la peur à différents niveaux, Melancholia de Lars Von Trier se résigne à l’acceptation de la mort, Blindness de Fernando Meirelles étudiait une nouvelle organisation politique, et les films avec des zombies peuvent se résumer à un combat pour survivre. Perfect sense s’attache surtout à raconter une histoire d’amour, et cette simplicité apparente n’est pas le moindre de ses mérites.

Ici une épidémie inédite se propage, elle fait perdre aux gens leurs perceptions sensorielles. La maladie ne provoque pas la mort mais la disparition des sens comme par exemple l’odorat, le goût, l’audition, la vue. Si un de ses sens si essentiel devient absent il s’agit déjà d'un handicap ; alors quand plusieurs de ses sens n’existent plus… De cette épidémie on ne saura pas grand-chose, si ce n’est qu’elle se transmet partout dans le monde. Le film fait ressentir que cette contamination qui exponentielle : au fur et à mesure de plus en plus de gens sont atteints et cela de plus en plus gravement. Dans le même temps une belle épidémiologiste rencontre un séduisant cuisinier, et leur histoire amoureuse grandit pendant que le monde s’assombrit. On découvre comment l’épidémie affecte l’entourage de ses personnages avant que leur couple même ne soit menacé aussi…

Perfect sense se donne comme ambition de mêler la petite histoire intime d’un couple au milieu de la grande histoire de l’humanité qui va à la catastrophe. Quand la sensuelle Eva Green va s’épancher sur l’épaule du sensible Ewan McGregor, on sait évidement d’avance qu’ils vont tomber amoureux l’un de l’autre. Cette rencontre est d’ailleurs beaucoup trop prévisible vu la façon dont le scénario nous les présente : elle a le cœur brisé après plusieurs déceptions quand lui a le cœur qui attend de s’ouvrir après des aventures sans lendemain. Si le début de leur histoire aligne les clichés romantiques les plus éculés, ensuite le charme naturel de ces deux acteurs réussit à nous convaincre. Le réalisateur David MacKenzie est parvenu à capturer plusieurs scènes où se dégage une réelle complicité entre Eva Green et Ewan McGregor (par exemple un fou-rire en jouant dans la baignoire), et cela rend d’autant plus crédibles leurs personnages. Et dès qu’on est touché par le désir amoureux de l’un envers l’autre, le scénario amène des épreuves toujours plus difficiles à surmonter.

Si les spectateurs sensibles au mélodramatique seront servis, le réalisateur David MacKenzie n’en n’oublie pas pour autant de surprendre l’ensemble de son public. La perte d’un sens survient après des symptômes particuliers de folie collective. On assiste à une séquence d’orgie de nourriture ou à une autre d’accès de violence destructeur. L’épidémie graduelle qui contamine les gens de l’histoire va aussi avoir un effet sur les spectateurs. Par exemple pour le sens de l’audition qui est perdu, le personnage atteint devient sourd et parallèlement le son du film décline pour faire entendre un bourdonnement indistinct pendant quelques scènes. Plusieurs effets de mise en scène participent à un effet immersif pour que nous partagions le sens qui disparaît.

On pourra déplorer que la narration soit entrecoupée de parenthèses en voix-off à propos d’autres populations dans le monde, un procédé maladroit qui veut faire avancer dans le récit par ellipse mais qui échoue à relier le couple d’amoureux au reste de l’humanité. Les conséquences tant émotionnelles (la colère, la nostalgie…) que pratiques (apprendre le langage des signes, l’isolement en quarantaine…) sur les gens sont plutôt bien amenées, conséquences qui entraîne des modifications des habitudes avant que la maladie ne devienne encore plus grave.

Perfect sense donne à voir tout autant une épidémie spectaculairement romanesque qu’un mélodrame puissamment romantique. Que l'amour ne sauve rien mais permette de surmonter l'horreur n'est pas le moins beau des messages...


 
Kristofy

 
 
 
 

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