Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Raid (Serbuan maut)


/ 2011

20.06.2012
 



KUNG FU JAVA





Un groupe de policiers se lance à l’assaut de l’immeuble réputé intouchable d’un trafiquant de drogue. Ils sont une petite vingtaine à investir les lieux défendus par une centaine de résidents organisés et armés… Des exécutions brutales en guise d’introduction indiquent que The Raid sera plutôt barbare, puis il y aura une succession de combats violents avec beaucoup de ‘pencak silat’ (art martial indonésien). Le slogan sur l’affiche vante 90 minutes de pure action, et la violence est telle que le film est interdit aux moins de 16 ans.

The Raid aligne les séquences de bravoure ; par exemple un policier seul dans un couloir contre une quinzaine de tueurs armés de machettes, où le côté un peu répétitif des combats est contrebalancé par la réalisation très fluide de l’ensemble. La force du film est d’assumer de façon volontaire son côté film d’exploitation de série B. Toutefois la mise en scène est plus sophistiquée qu’il n’y paraît. Le réalisateur Gareth Evans a réussi à réaliser le genre de film d’action que de nombreux réalisateurs fantasmaient de faire avant lui. Nul ne doute que The Raid va devenir une nouvelle référence.

Gareth Evans est un réalisateur d’origine galloise installé en Indonésie. Il avait déjà consacré un premier film au 'pencak silat', un art martial pratiqué par les acteurs Iko Uwais et Yayan Ruhian (les trois à la chorégraphie des combats), Merantau. Les images avaient alors révélé tout ce que le silat pouvait avoir de potentiel cinématographique, pour des adeptes de ce genre de combat extrême.

Il y a presque dix ans la boussole des films de baston était orienté vers la Thaïlande avec la déferlante de l’art martial muay-thaï, avec les films produits par Prachya Pinkaew (avec Tony Jaa dans Ong Bak et Dan Chupongdans Born to fight). Les films asiatiques se tournèrent ensuite plus vers le MMA (mixed martial art) qui mélange plusieurs techniques de différents arts martiaux, comme les films avec Donnie Yen ( Flash Point). Le point faible du genre est de faire se suivre une succession de scènes de combat avec un mince fil conducteur en guise de scénario. Cet aspect est gommé avec The Raid : son scénario, bien que basique, est très efficace, et il sait ménager quelques respirations et quelques surprises.

L’histoire se déroule quasiment dans un lieu unique, les différents niveaux d'un immeuble. La formule est classique - on voit les bons contre les méchants (et certains personnages qui changent de côté) dans un lieu clos - mais elle est éprouvée avec des succès aussi différents que Assaut de John Carpenter, Piège de cristal avec Bruce Willis, ou Breaking news de Johnnie To. Ici le même genre de tension qui va crescendo est repris par Evans en lui y insufflant des scènes de bagarre avec une dynamique de brutalité inédite. La grande force de The Raid est d’avoir su habilement intégrer les combats de cet art du silat indonésien à de l’action pétaradante quasiment non-stop. Les duels des personnages (1 contre 1, 1 contre 2, 1 contre 15…) se font soit à mains nues soit à coups de lames tranchantes, mais l’action est aussi très présente avec différentes courses-poursuites entre les étages et autres explosions d’armes à feu. Le cinéaste a réussi le défi d’éviter le montage épileptique et l'abus de gros plans. The Raid a été filmé et monté avec une préférence pour des plans larges où l’action se déroule principalement dans le cadre, sans plan de coupe. C’est particulièrement impressionnant quand il y a une balle tirée à bout portant ou une chute dans le vide, ou lorsqie certains personnages se cassent le dos contre des coins de table (d’ailleurs le générique de fin indique les noms d’une dizaine de soigneurs). C’est ce mélange combat et d'action façon hard-boiled qui fait de The Raid un film déjà culte. Le mérite du réalisateur vient surtout de sa volonté à dépasser de loin les attentes des fans de genre.

C’est une expérience à vivre en salles de cinéma (plutôt que seul sur un petit écran) pour l’audace extrême de certaines séquences qui fait applaudir des spectateurs durant la projection à chaque avant-première (Toronto, Sitges, Deauville asiatique, Paris…). Si The Raid est aussi spectaculaire c’est parce qu'il s'agit d'un spectacle collectif. Avec cet art martial qu’est le silat, The Raid devient sans conteste le film d’action le plus bourrin qu’on ait vu depuis des années. Mais également l'un des plus jouissifs.

A noter : le film est à voir de préférence en version originale indonésienne. Il existe une autre version d’abord destinée au marché américain avec une bande-sonore différente par l’ajout d’autres musiques d’ambiance. Ce remontage provoque plutôt un parasitage déplorable qui diminue grandement l’impact du film.
 
Kristofy

 
 
 
 

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