Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Dictator


USA / 2012

20.06.2012
 



VERY BAD TYPE





Il faut avouer que Sarah Baron Cohen cultive avec brio l’impertinence trash. Borat (2006) et Brüno (2009), les deux faux documentaires du comique anglais, usaient habilement du principe de réalité pour y déverser un humour outrancier sur le choc des cultures ou des pratiques en tous genres. Avec The Dictator, Sarah Baron Cohen change de registre et, par la même occasion, d’angle d’attaque. Si la prise de risque n’est pas très grande, le danger guette puisqu’il se retrouve à devoir se plier aux règles de la bonne comédie hollywoodienne pour mieux la dynamiter de l’intérieur avec son sens du mauvais goût.

Si le procédé est parfois drôle (très drôle même), il tourne inexorablement à vide par manque d’aspérité. La confrontation du personnage principal n’a plus la même saveur puisque le réel ou son illusion de cinéma a, pour ainsi dire, disparu. Il faut donc que Sarah Baron Cohen romance son récit, structure sa narration et son scénario pour créer des enjeux. Malgré un esprit toujours mal tourné, le film ne sème plus le même malaise, la même révolte outrée ou encore le rire bien gras de son homologue Borat. Car Sarah Baron Cohen ne muselle jamais son personnage, il le confronte à sa propre caricature de tyran. Ainsi il connaîtra l’amour, improbable éclosion romantique d’un homme insensible à la douleur humaine, et le sens du mot partage. Les quelques scènes explicitant cette reconversion inespérée mais néanmoins partielle, valent le détour (celle de l’accouchement de fortune est tout simplement mémorable).

Budgété aux alentours des 70 millions de dollars, The Dictator, réalisé sans surprise par un Larry Charles appliqué, nous séduit moins malgré le faste de ses décors, rentre dans les clous d’une impertinence colorée à mi-chemin entre Austin Powers et Very bad Trip. La fiction très « cartoonesque » voulue par notre duo atténue la permissivité des gesticulations et autre bons mots d’un Sarah Baron Cohen pourtant très en verve. Celle-ci (la permissivité) affleure dans un registre de pure comédie ou tout est évidemment factice, très premier degré, élevé au rang de clin d’œil permanent. Assez inoffensif pour dire vrai, le Général Aladeen accapare l’image dans un délire de connerie, de cruauté, d’attitude misogyne et de mauvais goût assumé à la seule fin de piétiner le politiquement correct. Il s’agit de fendre l’armure des hypocrites de ce monde (les grandes puissances en prennent pour leur grade) par l’intermédiaire d’un salaud véritable, folklorique, excentrique, s’offrant les vertus de stars hollywoodiennes (l’Amérique serait donc une putain).

Le long-métrage a été tourné pendant le Printemps arabe. Cette concomitance n’est, hélas, jamais exploitée dans le film, faisant du Dictator une « simple » parodie, certes très drôle et impertinente, autour d’un personnage sans doute trop fictif pour prétendre à un humour relevant de la satire. L’ambition est autre. Le talent aussi. Mais nous rions. Et c’est bien là l’essentiel. Pas vrai ?
 
geoffroy

 
 
 
 

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