Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Sibérie (Sibérie)


France / 2012

27.06.2012
 



TRAIN TRAIN D'ENNUI





Sibérie est une fiction vacillante, incertaine, qui aime flirter en continu du côté d’un réel tenace, géographique, physique, interrogatif. Elle inscrit son empreinte au couple à partir d’un jeu de rôle prompt à invoquer les notions de désir (réciproque ou contradictoire), de confrontation, d’errance. Il ne s’agit pas de montrer, mais de se montrer. De dire, aussi. Les mots sont importants ; ils libèrent la fixité d’une mise en scène scrutatrice à bien des égards. Tout se joue entre homme et une femme. Lui, Bruno Dumont, est réalisateur (La Vie de Jésus, Flandres, Hors Satan…). Elle, Joana Preiss, est comédienne (Fin août début septembre, Clean, Dans Paris...). Ils se retrouvent dans un train, le Transsibérien, pour s’y filmer, se regarder, s’écouter, se chercher, se perdre.

La petite musique en huis clos de Joana Preiss – la réalisatrice-actrice du film – prend ses aises dans un compartiment exigu du train, entre deux escales alcoolisées, routine désinhibant pour elle mais douloureux pour lui. L’intime s’exhibe en creusant un sillon d’exclusive devant le spectacle d’une relation où les rapports de force s’évertuent à prendre le dessus. Car au-delà de la forme, divulguée sur le vif via deux caméras DV de piètres qualités, Sibérie construit un espace de rencontre particulier, presque fantomatique, souvent décousu, un brin ordinaire, en tout point expérimental. Réalité et fiction tambourinent alors cette intimité floue, osée d’un point de vue esthétique, anodine dans son versant philosophique. Rien n’est montré ; tout est montré. L’indistinction flingue petit à petit l’originalité d’une situation paradoxale ou la promiscuité empêche l’intimité.

Cette dichotomie tisse le fil narratif d’un essai filmique ou le principe de lassitude tient le haut du pavé. En effet, comme las de cette traversée, de ces champs / contre-champs verbeux, de ces soirées à la suivre, elle, plus rien ne semble les retenir l’un à l’autre. Pas même les « je t’aime » lancés à tour de rôle dans une vacuité certaine. Le temps se rallonge comme pour repousser l’inévitable épuisement d’un couple presque gêné d’être là. L’entreprise cinématographique ne manquait pas d’intérêt. Mais à trop s’écouter filmer, Sibérie s’enfonce dans un vide profond entre réflexions pseudo-autorisantes et narcissisme rébarbatif.
 
geoffroy

 
 
 
 

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