Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La vie sans principe (Dyut meng gam - Life Without Principle)


Hong Kong/CHine / 2011

18.07.2012
 



CRISE ORGANISEE





"Les banques ont gagné gros en commissions. Les clients, eux, ont tout perdu."

Même lorsqu’il s’attaque à un sujet aussi actuel que la crise économique et la main mise de la finance sur toutes les couches de la société, Johnnie To ne peut s’empêcher d’en faire un polar à la fois caustique et trépidant où l’être humain se retrouve confronté à ses propres contradictions. En effet, dans La vie sans principe, l’âge d’or des gangsters est passé, de même que l’héroïsme musclé des forces de l’ordre. Ces deux ennemis traditionnels, qui s’affrontaient dans des combats à mort symbolisant l’éternelle opposition entre le mal et le bien, doivent désormais faire face à un nouvel adversaire dissimulé sous une apparence de modernité et de respectabilité, le monde financier et son modèle insidieux d’argent facile.

A travers des personnages aussi variés qu’un inspecteur de police, une employée de banque ou un escroc à la petite semaine, le réalisateur montre que la course effrénée au profit frappe indifféremment honnêtes gens ou gangsters, et brouille même la frontière entre les deux. On est frappé par les mécanismes au fond très ordinaires qui poussent chacun des protagonistes à agir : modèle consumériste, désirs matériels frivoles, appât du gain, besoin de maintenir son statut social… Il suffit de peu de choses pour entrer dans la ronde de la finance, casino géant où chacun joue sa vie en même temps que son argent.

Derrière cette dénonciation presque clinique, servie par un scénario ultra découpé, Johnnie To offre ensuite une variation plus classique sur ses thèmes de prédilection : le monde du banditisme tombe en déliquescence (puisque "la vie de gangster ne paye pas", plusieurs membres de gangs se reconvertissent dans des activités légales, et notamment la bourse), la loyauté appartient désormais au passé (et passe elle-aussi par la nécessité de sacrifier à l’autel de la monnaie) et les rapports sociaux ont été totalement redistribués entre riches et pauvres. Le vrai danger pour la société hongkongaise, désormais, ne réside plus dans tant dans le crime organisé que dans ses banques et ses courtiers.

Comme toujours chez Johnnie To, ce constat désenchanté s’accompagne d’une ironie cinglante qui lui évite d’être trop moralisateur ou démonstratif. Au final, ce sont ainsi les personnages les plus effacés, et les plus "réglos", qui tirent leur épingle du jeu en profitant par hasard de l’absurdité du système. De la même manière, les rares moments d’action apportent une petite touche d’humour bienvenue, surtout quand l’un des protagonistes, à l’agonie, semble maintenu en vie par les oscillations de la bourse. Bien sûr certains traits sont caricaturaux et volontairement outrés, afin de faire ressortir par contraste toute l’aberration des situations. Mais dans un monde où l’on mise des millions à pile ou face, et où l’on perd en cinq minutes les économies de toute une vie pour enrichir une machine aveugle, qui peut encore distinguer l’exagération de la réalité ?
 
MpM

 
 
 
 

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