Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 14

 
360 (Trois cent soixante)


/ 2012

25.07.2012
 



LE CERCLE DE LA VIE





«- Les désirs. C’est humain ça.»

Cette adaptation de "La Ronde" de Schnitzler ne donne pas le tournis. Mais reconnaissons qu’elle est agréable malgré ses défauts. Trop bien pensée sur le papier, cette oeuvre souffre d’un manque d’émotion réelle à l’image. La mécanique est trop bien huilée, le scénario se repose trop sur son concept, et au final, il en reste des instants plaisants, de belles séquences, mais rien qui ne file le vertige.

Meirelles tourne autour du monde et de son monde sans jamais aller droit au cœur. La distance qu’il impose entre le spectateur et ces histoires intimes empêche une quelconque empathie ou compassion. Plus convainquant quand il filme les civilisations émergentes (Brésil, Afrique), on le sent là aussi plus à l’aise quand il s’intéresse plus aux précaires qu’aux bourgeois.

De Vienne à Bratislava, de Paris à Londres, du Colorado à Phoenix, les histoires de sexe s’entremêlent entre des personnages a priori étrangers les uns des autres. Les transitions sont fluides, parfois malignes ou, au contraire, assez grossières (rappelant ici une pub, là un clip…). Les split-screens sont habiles. Grâce à ces petits effets, le film tient le rythme. La première partie est presque frénétique, passant d’un lieu à un autre. Les variations de style et de ton ne s’entrechoquent jamais. La musique garde une tonalité cohérente malgré sa diversité un peu "compilation".

Prostitution, infidélité, manipulation, addiction, … la perversité est reine. Le corps est un objet de désir ou un produit en vente. Le sexe est une arme de chantage, une culpabilité enfouie, un tabou inviolable, un provocateur de jalousie, une drogue malsaine ou même un produit.

A partir de ce fauteur de troubles, il s’agit pour chacun des personnages de trouver sa voie : dignité, réputation, liberté doivent combattre les pulsions, les sentiments, les attirances. Eternel conflit où chacun perd quelque chose : son innocence, sa fille, ses principes, le respect, l’amour… Meirelles s’intéresse surtout aux effets dévastateurs de la morale et de la vérité.

Le film prend une autre tournure, une fois cloué au sol enneigé de l’aéroport de Denver. Longue parenthèse américaine dans ce film aux allures de Babel. Mais c’est là que le cinéaste délivre sa solution. Carpe Diem (vivre l’instant présent) ne suffit pas (ce serait inconscient et irresponsable), il faut aussi savoir lâcher prise. Ne rien en avoir à foutre.

De là nous revenons en Europe et le final peut se mettre en place, laborieusement, parfois facticement. Les personnages incapables de lâcher prise justement, d’affronter leur destin, finiront seuls. Ceux qui saisissent les opportunités seront heureux. Assez binaire, mais la grâce des acteurs, malgré des personnages parfois trop vite esquissés, apportent du charme à cette morale sympathique : « on devrait toujours choisir l’amour ». Même si ça sexe, flingue et rock’n’roll en plein Vienne, capitale du romantisme dont il ne reste que les monuments et des amoureux de la littérature.

On entend alors Bashung chanter "Madame rêve…" Mais le cinéaste n’a rien atomisé. Il nous a juste transporté dans son circuit, freinant trop brutalement dans certains virages, accélérant trop vite au milieu de beaux paysages… D’ellipses en suspens inutiles, il parvient cependant à montrer que l’Homme peut se « débloquer » de ses verrous grâce à des remèdes provisoires (psy, groupes, inconnus, alcool) et ainsi s’échapper vers un bonheur qu’il croyait inaccessible. C’est sans doute cela qu’il manque dans 360 : ces personnages en quête d’hauteur sont magnifiques quand ils ont les pieds plombés dans le sol, le regard vissé vers le passé, l’esprit enfermé dans des schémas d’un autre temps. Mais hélas pour nous, ils s’envolent loin de notre regard. Comme si le cinéaste fuyait le bonheur quand ils se sauvent.
 
vincy

 
 
 
 

haut