Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Les amants passagers (Los amantes pasajeros)


Espagne / 2013

27.03.2013
 



COCKPITRES





«- La seule dévote et la seule qui baise pas».

Les amants passagers restera un film éphémère dans la filmographie du grand Almodovar. La forme – une farce – n’est pas en cause. Mais la mise en scène n’est éclatante qu’à quelques rares moments. Le cinéaste espagnol a préféré se mettre en retrait au profit d’un scénario à deux étages. Sa comédie ne peut pas être vue en dehors du contexte actuel : une Espagne en crise économique et sociale, la gueule de bois post-movida, …

Pour cela, il a choisi de revenir à ses premiers films, ses fantaisies bricolées, un peu punk, bien barrées, habitées par des personnages hauts en couleurs. Loin des mélos ou films noirs dont il nous a habitués depuis 20 ans. Comme s’il fallait mieux rire de tout ça : la banqueroute des banques, les gâchis financiers du gouvernement, …

Pedro nous embarque donc à bord d’un avion de la compagnie Peninsula (l’Espagne et le Portugal composent une péninsule malade) qui va tourner en rond au dessus de Madrid. Tout un symbole. Il n’y a aucune piste d’atterrissage disponible pour cet avion au bord de la crise (de nerfs). Toute la seconde classe (classe moyenne par excellence) est endormie. Là encore Almodovar métaphorise…

Et que font la première classe et quelques membres de l’équipage? Sexe, alcool, drogue et à défaut de rock n’roll, de la disco. Car Les amants passagers est le film le plus gay-friendly de ces derniers mois. Jusqu’à l’outrance. Le réalisateur s’est rarement autant lâché. Filmant une érection sous le jean’s (qui ne restera pas inutilisée) ou un beau mâle en slip à la mode, virant la cuti du plus sexy des pilotes, normalisant la double vie bisexuelle du commandant de bord, … ça parle « bite » comme ça boit de la téquila. Tout cela sous le mode de la fantaisie : on peut se crasher, autant s’envoyer en l’air.

Mais si les homos ont la part belle du délire aérien, les femmes restent au premier plan. Elles sont même le moteur de tout. Une histoire de « folles ». La première d’entre elle, Pénélope Cruz dans un caméo sans prétention, est celle par qui l’accident va arriver… Une fois dans les airs, ce sera le crêpage de chignons (grand classique almodovarien) entre une voyante vierge (et affamée sexuellement) et une Madame Claude experte en SM (qui s’est tapé le Top 600 des hommes les plus puissants du pays). On peut aussi évoquer les « femmes » d’un passager, dont l’une finit en HP, ou la fille d’un autre passager, qui se prostitue après avoir reçu une éducation ultra-catholique… C’est évidemment loufoque, à défaut d’être toujours constant dans la drôlerie.

C’est ce qui surprend le plus chez Almodovar : cette volonté de ne pas en faire trop dans la mise en scène, quitte parfois à tanguer vers la facilité ou même la paresse, qui conduit à quelques trous d’air dans le film, dont une histoire au sol qui ressemble davantage à un court métrage rapporté qu’à une pièce du puzzle… Son scénario, sans être décousu, manque parfois de relief. Le réalisateur semble davantage inspiré avec son équipage qu’avec ses passagers. C’est avec eux que la comédie est la plus pétillante et même pimentée. Les stewards font le show façon drama-queen, aidés par de la mescaline. Almodovar ne s’épargne aucun cliché dès qu’il s’agit de cul. Homophobes, s’abstenir.

Dans la plus pure tradition 80’s (direction artistique incluse), Les amants passagers atterrit sur ses roues comme un chat retombe sur ses pattes. Son final est ironique à souhait, en prenant pour décor un aéroport ruineux, vide, désert, un de ces projets (réels) qui ont mis à genoux l’Espagne. La morale est sauve (même cet aéroport a son utilité finalement), et tous ces amoraux retrouveront l’équilibre une fois les pieds sur le tarmac. La seconde classe se réveille hallucinée et l’élite doit affronter ses responsabilités (ou fuir).

Le film révèle alors ce qu’il est : un cocktail foutraque. Un peu comme cette Agua de Valencia que dégustent les passagers (amants de passage) : une sucrerie douce, avec une pointe d’amertume.
 
vincy

 
 
 
 

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