Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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It Felt Like Love


USA / 2013

17.07.2013
 



PRÊTE À TOUT ?





« Je peux pas trop mentir. Ça empirerait les choses. »

It felt like love semble un succédané de films sur une adolescence mal dans sa peau. Cette impression de déjà-vu est, cependant, sauvée par une approche sensible de son sujet, et des comédiens qui sonnent juste.

L’âge ingrat apparaît ici comme un défi à relever plus qu’un poids à soulever. Entre asociabilité et limites à ne pas franchir, le scénario explore toutes les tentations et tous les risques qui peuvent conduire et même pousser une jeune fille à se dévaloriser, et même pire, à perdre son intégrité. Une poupée de porcelaine, fragile, prête à se briser dans le fracas des vagues de l’océan qui l’attirent tant, à jamais.

Spectatrice du bonheur des autres, cherchant à passer le cap vers l‘âge adulte, l’héroïne – sweet sixteen - passe son temps à tenter le diable. La douleur d’être à l’écart d’une jeunesse insouciante, sexuelle, festive, vaut toutes les souffrances intimes. Elle en vient à mentir, à se mentir. Lolita mode « looseuse », bavant devant un beau gosse bien foutu, elle suivra la spirale infernale jusqu’en enfer, tellement elle crève du manque charnel, du regard de l’autre.

Tout ce manque d’affection est très bien traduit par Eliza Hittman. Hélas, la mythomanie de Lila est illustrée très pauvrement visuellement. Ce double visage, cette vie scindée entre réalité et fantasmes méritait un traitement plus intriguant, au mieux, plus réfléchi, au pire. Cette absence de dimensions rend le film assez linéaire, pour ne pas dire plat.

S’il n’y avait cette sensualité palpable, ces liens humains aussi forts que crédibles, cet érotisme suggéré et pudique et cette vision de New York peu commune, It felt like love ennuierait certainement. Il manque un soupçon d’originalité, et même d’inventivité pour que cette histoire somme toute banale nous emporte. Cette fille qui veut absolument grandir reste touchante. Mais jamais le film ne répond à son titre : ça ressemble à de l’amour, ça a l’air d’être de l’amour, mais qu’est-ce que l’amour ? Telle Alice se perdant dans ses rêves fantasmagoriques, Lila se noie dans des songes torrides. Jamais les sentiments ne sont réellement évoqués. En revanche, ses névroses – comme celle de s’approprier la vie des autres – sont approfondies. Ce déséquilibre permanent révèle que le scénario n’est pas tout à fait maîtrisé ; pas assez pour que le film se contente d’une mise en scène aussi légère, entre gros plans et naturalisme. Même la fin manque de sens. Séquences superflues alors qu’on croyait la boucle bouclée en revoyant Lila sur la plage, là où tout a débuté. A force de se laisser aller à une évanescence sans saveur et flirtant avec les films indés qui se clonent les uns après les autres, It felt like Love ne paraît avoir aucune colonne vertébrale, aucune chair qui le distinguerait de multiples œuvres du genre.

Pourtant, c’est lorsqu’elle amène Lila à la frontière sans retour que la réalisatrice montre son potentiel. Une scène où trois mecs sortent leur bazar, prêts à se faire pomper par la fausse dévergondée. C’est étrangement le moment le plus cru et le plus cruel, le plus captivant aussi, du film : « Elle te plait ma queue ? Elle ne t’aime pas ! » Tout est dit, jeté, comme on jette un kleenex. C’est dans cette dureté, trop rare, que le film nous passionne le plus.
 
vincy

 
 
 
 

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