Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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De toutes nos forces


France / 2013

26.03.2014
 



IL N'Y A QUE LE PREMIER PAS QUI COÛTE





«- C'est dangereux, mais super excitant ! »

Pendant la tournée province, les réactions face à De toutes nos forces ont été unanimes. Du feel-good movie à la belle leçon de vie, le film de Nils Tavernier a marqué par sa vision positive du handicap moteur. Julien, adolescent en fauteuil roulant, observe du haut de sa tour d'ivoire ce qu'il ne peut avoir : les sensations fortes, les jolies filles, et … l'amour de son père, Paul. Ce dernier, dans un mouvement de caméra circulaire, est à l'image de son existence, suspendu dans le vide. Il vient d'être viré, ce qui signifie retourner à sa vie de famille, à la fadeur du quotidien, et surtout à un fils qui ne pourra jamais marcher. Mais Julien, lui, l'admire. Il rêve d'exploits, et de concourir avec son père au triathlon « Ironman » de Nice.

Le couple formé par Alexandra Lamy et Jacques Gamblin est en passe de se briser. Elle s'occupe continuellement de son fils quand lui cherche à fuir. Cette dichotomie entre absence et présence, renforcée par le paysage alpin (paysage imposant, mais statique), est ce qui va pousser Julien à prendre sa vie en main. Il est constamment tiraillé entre deux extrêmes, le danger et la sécurité. Cette compétition quasi surhumaine est donc l'occasion pour lui d'un « premier pas » symbolique. « J'en suis pas capable... Je n'ai pas envie de ça », se défend Paul. Or, Julien, lui, ne peut pas, mais il en a quand même envie. Et c'est ce qui va faire toute la différence.

De toutes nos forces est un de ces drames à la française qu'on adore détester, car il est rempli de bons sentiments et son scénario est extrêmement formaté. Mais ici, on est plus proche du storytelling américain que d'une fiction française. Porté par une musique puissante et variée (« Sail » d'Awolnation et « Hoppipolla » de Sigur Ros arrivent à chaque fois à point nommé), le film évite de tomber, précisément, dans le cliché du feel-good movie. Nils Tavernier parvient à faire naître des émotions, tout en sortant des sentiers battus et en évitant la facilité. La majeure partie du film aurait très bien pu se dérouler au triathlon. Mais c'est le combat quotidien de ses personnages que Nils Tavernier a voulu montrer. Une réalité loin d'être embellie. D'où les silences et très peu de dialogues. Quand Paul et son fils s'entraînent dans la montagne, l'amour qui les lie à l'écran n'en devient que plus fort et réel, même si le récit est balisé pour offrir au spectateur son classique lot d'obstacles, de rebondissements et de dépassements de soi.

Le réalisateur s'intéresse depuis longtemps aux infirmes moteurs cérébraux. A ce niveau, De toutes nos forces évite subtilement l'écueil du pathos. Julien prouve qu'il est maître de son destin (« C'est MA vie ! » écrira-t-il à sa mère) jusqu'à en devenir une source d'inspiration, notamment pour sa sœur (touchante Sophie de Fürst). Il n'hésite pas d'ailleurs à envoyer balader (pour parler poliment) ceux pour qui son handicap est aussi mental. Le film n'est plus seulement un hymne au dépassement de soi, mais à l'acceptation de soi. C'est sans doute pour cette raison qu'à la fin, on ne remarque plus le handicap de Julien.
 
Emeline

 
 
 
 

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