Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Tout est faux


France / 2013

17.09.2014
 



CAMPAGNE EXISTENTIELLE





"Nous sommes les hommes libres qui se sont résignés."

Tout est faux, premier long métrage fauché mais gonflé, capte avec une rare justesse la petite musique absurde d'une époque à bout de souffle où les rapports humains comme sociaux ou politiques sont réduits à des caricatures d’eux-mêmes, au mieux grotesques, au pire affligeants. Logiquement, le personnage principal se heurte partout à des discours vides de sens (le film a été tourné pendant la campagne pour l'élection présidentielle 2012 et est émaillé d'extraits de débats ou d'interventions télévisées), des expressions toutes faites, des mots creux. Lui-même est incapable d’articuler autre chose que des formules vagues : "oui", "non", "d'accord"... Comme si, plus la logorrhée absconse du monde l’envahissait, plus les sons s'étranglaient dans sa gorge.

Le film, auto-financé avec un budget de deux mille euros, s’inscrit dans la lignée des œuvres auto-produites acclamées ces dernières années comme Donoma ou Rengaine. Bourré d’énergie, ambivalent et complexe, il représente une allégorie elliptique, et parfois hallucinée, de notre incapacité à prendre la parole pour dénoncer l’indécence et le cynisme, ou au contraire défendre ce qui mérite de l’être, mise en regard du verbiage incessant qui nous entoure. Si l’on s’identifie au personnage central, coincé dans un travail dépourvu de sens, désespérément solitaire au milieu d’individus agressifs ou tout simplement indifférents, privé d’une parole salvatrice ou au moins cathartique, il y a de quoi être sonné. Mais pour autant, Tout est faux raconte aussi la douceur. Celle des mondes intérieurs où il fait bon se réfugier, celle des rencontres, peut-être fugaces, peut-être fantasmées, mais plus réelles que la plupart des échanges machinaux que l’on égrène chaque jour.

Bien sûr, il y a des maladresses, surtout techniques (très nettement liées aux conditions de tournage), et des partis-pris qui peuvent surprendre, à l’instar du jeu complètement décalé des deux actrices qui semblent comme vues à travers une loupe déformante… mais n’est-il pas facile de faire abstraction de tout cela pour reconnaître du cinéma quand on en voit ? Car Tout est faux, malgré son économie fauchée et son activisme utopique, est un film à la fois haletant (à l’image du premier long plan séquence tourné dans la rue, la caméra vissée sur la nuque du personnage principal) et cocasse, drôle et désenchanté, qui confine à l’universel. Si dans la vie du personnage, tout semble faux, à l’écran, ça sonne extrêmement juste.
 
MpM

 
 
 
 

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