Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Still Alice


USA / 2014

18.03.2015
 



ALICE AU PAYS SANS RÉVEIL





« C’est le travail de toute une vie qui disparaît. Tout disparaît. »

Atteinte prématurément d’une forme d’alzheimer, Alice voit sa vie lui glisser entre les doigts. Drame personnel, mais aussi, surtout, familial, Still Alice est un film délicatement écrit, filmé sans esbroufe, et impeccablement interprété.

On peut légitimement admirer cette Master class de l’incandescente Julianne Moore, qui, subtilement, sans démonstration outrancière, incarne cette professionnelle du langage et des sciences cognitives perdant progressivement la mémoire : des mots, des noms, une idée, puis son sens de l’orientation, des lieux, qui elle fut, et finalement le langage. Paradoxe effarant. Tour à tour rayonnante, combattante, effrayée, angoissée, agressive, triste, résistante, paumée, complètement perdue, ailleurs même, Moore maîtrise parfaitement son art pour transmettre une vérité, au-delà de la l‘atroce déchéance attendue, certes condensée en une heure et demi. Car s’il y a un défaut à Still Alice c’est ce format plus télévisuel que cinématographique. Les réalisateurs n’ont sans doute pas eu les moyens ou la volonté d’imposer du temps, des silences dans leur récit. Les mois passent à toute vitesse. Il faut tout le génie de Moore pour nous donner les repères nécessaires et installer en une scène son état dégénérescent. Une absence furtive, un regard égaré en disent plus long que n’importe quel dialogue. Elle sauve facilement un formalisme sobre mais assez convenu.

Mais Still Alice séduit c’est bien parce qu’il joue la carte du mélo sans en faire trop. Même la fin est en points de suspension. Ce portrait d’une maladie toujours inguérissable est ponctué par quelques moments forts, et même bouleversants, comme ce discours d’Alice décrivant son état, obligée de surligner chaque phrase lue pour ne pas la répéter sans s’en rendre compte. Ou même cette séquence tragico-comique où Alice presque amnésique obéit à une Alice, oubliée, prévoyante (et prévenante) qui avait planifié son suicide.

Alice est toujours Alice même si elle n’est plus « connectée » avec son passé, sa vie, son existence. Et c’est là, la belle surprise du film : sa famille. L’époux (Alec Baldwin, toujours sous-estimé) et ses enfants affichent une tendresse et une impuissance qui démontrent en creux l’effet dévastateur de l’alzheimer. Cette lente désagrégation d’un des leurs, la mère en l’occurrence, pilier central du Temple qu’est le foyer, rend l’ensemble très touchant. Devant la terrible descente aux enfers, ou plutôt dans les limbes d’un coma éveillé, il n’y a aucune tragédie : juste des réactions humaines face à une injustice incompréhensible. Il manque peut-être quelques séquences pour les faire exister davantage – le fils notamment, mais aussi la fille aînée lorsqu’elle comprend que son destin sera similaire. Mais ce petit détail n’empêche pas Still Alice de viser nos cœurs et de nous identifier à eux, qui oscillent entre égoïsme (continuer leur vie) et porter le fardeau commun (s’occuper de la mère).

Sa cadette - Kristen Stewart, en retrait, juste comme il faut – va être le dernier lien avec la vie d’avant. Car si l’esprit s’évapore, si la mère se désincarne, il reste l’amour. « Tout ça ne parle que d’amour ». Cut, soudain, sans chichis. Pas la peine d’en rajouter. La souffrance est palpable. Mais Alice, désormais, nous hante à jamais.
 
vincy

 
 
 
 

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