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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Contes italiens (Maraviglioso Boccaccio)
Italie / 2015
10.06.2015
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QUAND ON AIME, ON CONTE
"Mais que peut-on faire quand l’amour nous frappe ?"
"Nous préférons ne pas parler des autres adaptations" C’est en une phrase lapidaire que les frères Taviani évacuent les précédents films tirés du Décaméron de Boccace et notamment le plus célèbre, celui réalisé par Pasolini au début des années 70, pour affirmer l’identité propre de leur nouveau long métrage Contes italiens. "Il ne ressemble qu’à lui-même" déclarent-ils. Et c’est vrai que le plus ancien duo de réalisateurs italiens (85 et 83 ans) propose une version plutôt sage de cette œuvre célèbre pour son foisonnement de récits de débauche amoureuse.
Les histoires choisies par les cinéastes (elles sont au nombre de cinq) abordent en effet l’amour sous une forme plus courtoise que crue, quoi que toujours alambiquée : il y a des amants éconduits et malheureux, des femmes mal mariées, des amants sacrifiés… Chaque "conte" possède son esthétique et sa tonalité, du tragique au comique, du romantisme au trivial. On ne peut pas dire que tous soient édifiants, et comme souvent dans les films à sketches, ils sont même plutôt inégaux. Au fond, on est plus captivé par l'ambiance post-apocalyptique des premières séquences situées dans la ville de Florence en proie à la peste, avec ses scènes de panique, de désespoir et de cruauté.
Deux contes retiennent toutefois l’attention : un pamphlet anti-clergé dans lequel une abbesse se revendique pécheresse, appelant les autres religieuses à imiter son exemple, et une histoire d’amour platonique et cruelle entre un jeune homme au cœur pur et une femme mariée fidèle à son époux qui finira par découvrir la grandeur d’âme de son soupirant. Bien que les frères Taviani revendiquent l’ancrage actuel des différentes intrigues, on a en réalité l’impression d’être face à une œuvre presque académique qui aborde sans grande originalité le thème éternel des relations amoureuses. Les femmes y sont par exemple représentées avec un soin tout particulier (le film se veut un "hommage à la femme") mais le film est loin d’être exempt de clichés, notamment lorsque ses personnages féminins (stéréotypés, mais les masculins le sont aussi) finissent systématiquement par tomber dans les bras des hommes qui les convoitent (on attend encore l’inverse). Il n’aurait pourtant pas été très compliqué de mettre au goût du jour certaines de ces intrigues légèrement poussiéreuses sans en perdre le message essentiel.
Car Contes italiens se veut avant tout un hymne (presque naïf) à la liberté absolue d’aimer, qui, bien sûr, se teinte à notre époque d’une signification particulière. La peste qui hante les rues de Florence au XIVe siècle devient alors le dogmatisme mortifère qui entend régenter le XXIe siècle en décidant qui a le droit d’aimer qui (et dans quelle position). Derrière les amours impossibles ou contrariées des uns et des autres, on peut ainsi voir une affirmation du droit à disposer de son cœur et de son corps sans se soucier de l’opinion des autres ou de la société, un refus du repli sur soi (dans sa communauté religieuse, sa classe sociale…), une critique de l’intolérance et même une dénonciation des violences conjugales. A une époque où la liberté d’aimer reste pour certains de l’ordre du conte de fées, Paolo et Vittorio Taviani choisissent leur camp à leur manière un peu surannée, mais d’autant plus touchante.
MpM
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