Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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King Lear


USA / 1987

03.04.02
 



KING GODARD





"- Malheureuse que je suis. Je ne puis élever mon cœur jusqu'à ma bouche. "

Pour parler de King Lear et de Godard en général, on pourrait citer un dialogue de Gérard Depardieu dans Hélas pour moi : "Ce que l'on croit est une image de la vérité". Le problème est là. Nulle part ailleurs. Et King Lear éclaire parfaitement cette interrogation cruciale du réalisateur.
Mais partons de l'intrigue de la pièce "Le Roi Lear" : un roi a trois filles. Avant de léguer son pouvoir, il désire entendre l'amour qu'elles lui portent. Deux d'entre elles, perfides, lui assurent un amour sans bornes. La troisième, plus discrète, lui témoigne d'un amour simple d'une fille envers son père. Déçu par cette simplicité, le roi ne partage son royaume qu'en deux. Privé de son pouvoir, il est successivement rejeté par les deux premières et trouve réconfort auprès de la troisième qu'il avait déshéritée. Celle-ci décide, en levant une armée, de reconquérir, pour son père, la totalité du royaume.
Quel lien avec l'œuvre de Jean-Luc Godard me direz-vous ? Eh bien le thème de la pièce de Shakespeare semble en être l'illustration parfaite. La quête de la vérité et la défiance vis-à-vis des apparences a toujours été au centre des préoccupations du cinéaste. Dès Le Mépris, le réalisateur nous assénait une ouverture grandiose : "Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs". On pourrait citer également une autre de ses phrases : "ce n'est pas une image juste, c'est juste une image". Avec King Lear, on comprend complètement ce qu'il veut dire : il faut se méfier des images car on peut les tordre pour leur faire dire ce que l'on veut et ce n'est pas forcément la vérité. Il convient toujours de les interroger plus avant.
Parallèlement, Godard semble se justifier de son éloignement de la narration dans sa recherche de la vérité. Il semble dénoncer l'obligation de dire les choses pour les percevoir ("a-t-on besoin de dire rouge pour voir rouge ?" autrement dit : a-t-on besoin d'une histoire pour faire un film ?).
Bien sûr, le réalisateur prend soin de nous signaler que le film n'est qu'une étude (" a study " puisqu'il est tourné en anglais). Comme dans la plupart de ses films (exceptés les premiers), la narration n'est pas au rendez-vous. Il s'agit plutôt d'un essai quasi métaphysique sur l'image et la vérité. King Lear relève de Shopenhauer (" le monde est ma représentation ") et de Heidegger (l'arbre que je vois est-il dans mon esprit ou bien est-il physiquement sur la terre ?). Pour cet essai, Godard endosse le rôle du fou du roi (il faut le voir avec ses chaussettes rouges, ses fils électriques en guise de perruque et son cigare en train de cirer ses chaussures !) et proclame des phrases sentencieuses sur un ton incantatoire. Jamais le propos du cinéaste n'avait été aussi limpide. Comme si la parabole shakespearienne l'éclairait pour le rendre complètement compréhensible.
 
laurence

 
 
 
 

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