Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Ant-Man


USA / 2015

15.07.2015
 



LE CHOC DES FOURMIS





"Je pense qu’on devrait d’abord appeler les Avengers !"

Depuis que l’adaptation à la chaîne des franchises Marvel s‘est intensifiée, on voyage de plus en plus en terrain connu : les compagnons de route ont beau varier, les paysages et les étapes sont toujours les mêmes. Pas forcément déplaisant, mais sans surprises. Avec Ant-Man, première apparition sur grand écran de ce héros légèrement improbable qui rapetisse à volonté, nous voilà donc embarqués dans un circuit balisé et quasiment minuté pour être un film de super héros consensuel, efficace et sans aspérités.

Il ne faut pas très longtemps à Peyton Reed pour poser la situation : d’un côté les enjeux scientifiques critiques liés à une combinaison offrant des pouvoirs infinis, de l’autre les enjeux personnels d’un père séparé de sa fille. Comme on est dans un blockbuster hollywoodien, on sait que les deux intrigues se rejoindront fatalement en cours de film. Malheureusement, c’est assez long, et cette partie préliminaire a tendance à flotter. Non seulement l’intrigue est plus que banale, mais tout est contaminé par un pathos familial assez lourdingue, les deux personnages masculins se sentant coupables vis-à-vis de leurs filles respectives. Si l’on ajoute à cela une construction classique, un méchant sans réelle envergure et une invention pas si effrayante, il faut avouer que cela commence mal.

Heureusement, comme cela devient la règle pour ce type de film, l’humour (parfois noir) et les clins d’œil (appuyés) vers les autres franchises du studio sauvent le scénario de la banalité la plus totale. Les Avengers sont ainsi assez présents, probablement dans l’idée de préparer la suite des adaptations en série (Ant-Man est attendu dans le 3e Captain America l’an prochain, avant de rejoindre la célèbre équipe de supers héros l’année suivante ?). Quelques petites pastilles trash font même l’effet de parenthèses ironiques à destination des spectateurs les plus sceptiques (ou les plus âgés…), notamment le sort réservé à un joli et mignon petit agneau blanc comme neige.

Le film ménage également quelques jolis morceaux de bravoure avec des fourmis et plusieurs bonnes idées de scènes d’action qui exploitent les différences d’échelle entre monde réel et monde de l’infiniment petit. C’est très bref, mais la scène de combat dans une mallette en chute libre est très belle, et justifie presque à elle seule l’utilisation de la 3D.

En revanche, le traitement du personnage de Hope, la fille du Dr Pym, ne passe pas. Utilisant tous les arguments propres à un sexisme violemment paternaliste, le scénario l’écarte de l’action (alors qu’elle était la plus prédisposée à reprendre le costume d’Ant-man) au profit d’un inconnu qui ne maîtrise rien, mais a l’immense avantage d’être pourvu d’un chromosome Y. Il est pourtant expliqué en cours de route que la mère de la jeune femme, qui a risqué sa vie pour une mission, a fait ses choix. Hope, elle, n’a même pas le droit de choisir, et doit être protégée malgré elle. Pas de femme dans le costume d’Ant-Man, donc (sinon, ça devrait s’appeler Ant-woman, et il faudrait changer tout le marketing autour du film).

Même si l’épilogue laisse espérer une amélioration sur ce plan-là dans un avenir proche, cela reste quand même assez hérissant, d’autant que le film affiche tous les marqueurs traditionnels d’un personnage féminin assez fort (c’est-à-dire doté d’attributs masculins) qui se fait malgré tout voler la vedette par un homme qui, lui, doit tout apprendre (et finit fatalement par la dépasser). Un type de personnage qui envahit le cinéma de manière à la fois factice, stérile et franchement insupportable. Non seulement ces « femmes d’action » sont interchangeables, mais elles semblent surtout la seule alternative possible (dans l’esprit des scénaristes) à l’autre archétype, celui de la belle jeune femme à sauver des griffes du méchant.

Apparemment, au 21e siècle, il est donc toujours plus réaliste (et acceptable) de présenter un homme qui rapetisse à la taille d’une fourmi qu’une femme séduisante, intelligente et aux attributs non typiquement masculins autorisée à se battre pour ses convictions. Dans le même genre, il y a de quoi tomber des nues devant le traitement réservé aux personnages non typiquement WASP, cantonnés aux rôles de faire-valoir gaffeur et pas très malins. A croire que pour se mettre au diapason du film, le scénario et l’épaisseur psychologique des personnages ont eux-aussi été réduits à une taille microscopique.
 
MpM

 
 
 
 

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