Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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While we're young


USA / 2014

22.07.2015
 



JEUNESSE (A)DORÉE





"On se demandait comment on vieillirait et la réponse est : comme les autres."

Preuve que Noah Baumbach n’est pas dénué d’un certain talent, While we’re young évoque dès ses premières scènes la figure d’un Woody Allen période new-yorkaise inspirée. Quelque chose dans le rythme (enlevé), le ton (ironique) et même les thématiques abordées (un couple à la croisée des chemins, un réalisateur en plein doute existentiel) rappellent son illustre aîné, et laissent présager un film qui aurait peut-être plus de corps et de profondeur que son prédécesseur, le surestimé Frances Ha.

Pourtant, ni la capacité à flatter le spectateur dans le sens du poil, ni la parenté artistique avec un cinéaste émérite, ni même le seul savoir-faire ne suffisent à faire un bon film. Noah Bambach pose certes de bonnes questions, il le fait avec aisance et parfois avec cynisme, mais il leur apporte malheureusement de mauvaises réponses.

Dans sa première partie, le film aborde avec une certaine finesse cette période de l’existence où l’on s’interroge sur le chemin parcouru, celui qui reste, et tout ce qui est devenu impossible ou irréalisable. Les personnages principaux, Josh et Cornelia, ne sont pas plus mal lotis que d’autres, même si Josh peine à terminer son dernier documentaire et s’ils n’ont pas réussi à avoir d’enfants ensemble. Confrontés à leurs meilleurs amis qui viennent de devenir parents, ils en arrivent à la conclusion qu’ils sont heureux comme ça. C’est pourtant le début d’une prise de conscience provoquée par la rencontre d’un autre couple, plus jeune, et en apparence plus libre, plus cool et plus sincère. Noah Baumbach appuie là où ça fait mal (le désir universel d’être jeune à nouveau, l’envie de renouer avec son passé, le fantasme de réinventer sa vie…) et il le fait bien. Hélas, ce thème primordial (ne serait-ce que dans sa filmographie) se retrouve rapidement noyé au milieu de réflexions, voire de démonstrations sur la création, la jalousie ou l’amitié.

On a alors l’impression que le réalisateur met en place une expérience assez binaire qui consisterait à opposer systématiquement Josh et Cornelia (en tant que couple "témoin") aux deux autres couples qu’ils fréquentent : les jeunes qui paraissent tellement plus heureux et les plus âgés qui sont devenus ennuyeux depuis qu’ils ont un bébé. Tout est ainsi construit de manière à la fois manichéenne (accros aux nouvelles technologies versus partisans d’un retour au vintage, cours de musique pour bébé versus cours de hip-hop…) et extrêmement didactique, cherchant à prouver que les deux générations seraient intégralement différentes, l’une se montrant cynique et ambitieuse et l’autre idéaliste et droite. Dépassé, le conflit de générations : dans l’esprit de Noah Baumbach, c’est carrément la guerre rangée.

Mais ce n’est pas tout. En plus d’un discours assez réactionnaire sur l’impossibilité d’une amitié sincère entre les deux générations (la nouvelle faisant peur à l’ancienne, et s’apprêtant à lui piquer sa place), le film propose un épilogue écœurant de moralisme qui renvoie Josh et Cornelia à un schéma ultra-conformiste où il n’existe qu’une seule bonne et vraie manière de vieillir (et de devenir sérieux, digne, en un mot : adulte). On a beau regarder cette fin caricaturale et hérissante sous tous les angles imaginables, impossible d’y voir autre chose qu’une ultime manifestation d’esbroufe de la part d’un réalisateur qui aime définitivement en mettre plein la vue, quitte à abandonner son propos en cours de route.
 
MpM

 
 
 
 

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