Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La prophétie des grenouilles


France / 2003

03.12.2003
 



LES AVENTURIERS DE L'ARCHE DE NOÉ





"- Je commence à en avoir ras la crinière de cette tortue.
- Moi c'est pareil, elle me frise les rayures.
"

Nul besoin de prophétie pour savoir que ce dessin animé attirera des tas de petites grenouilles pour les fêtes. Loin du 3D symphonique de Pixar (Le Monde de Nemo), Folimage a opté pour un coup de crayon original, mais plus intime. Cette prophétie s'adresse avant tout aux enfants en maternelle et primaire. Les adultes s'émerveilleront devant ce tableau coloré débonnaire et sentimental.
Mais l'ambition des créateurs va bien au delà. En revisitant le mythe de l'Arche de Noé, ils auraient pu nous livrer un conte moralisateur. Mais à l'instar du Roi et l'Oiseau ou de Kirikou (la référence désormais), La prophétie des grenouilles, digne héritier de l'animation française, mélange la poésie, la politique, et les péripéties en tous genres. Si l'on compare au "hit" de l'année, Les Triplettes de Belleville, nous voici sur un terrain plus passionnant, moins démagogique, plus pédagogique et moins incohérent artistiquement. Ici, le sensuel le dispute à l'absence d'effets, pour mieux souligner de palpables émotions, notamment grâce à l'excellence du casting vocal capable de bien transposer les tourments des ces êtres animés et humanisés.
Cela commence d'ailleurs avec une famille insolite : un paternel marin, éternel héros des oeuvres enfantines, une mama des Antilles ou d'Afrique, un garçon adopté, et sa meilleure amie. Dans un décor pastel, cette France rurale, symbole d'un éden retrouvable (contrairement aux Triplettes qui s'affairaient dans des villes invivables et regrettées), s'avère métissée, écolo et courtoise. Nul besoin de policiers. D'ailleurs aucune forme d'autorité ne préviendra et ne protègera du déluge annoncé par les grenouilles, batraciens attitrés à la météo depuis le fléau d'Egypte sans doute.
Tout cela enchantera les idéalistes et parents adeptes des lectures du soir à leur enfants. Le dessin animé s'emballe dès qu'il s'embarque sur cet océan sans continents visibles. Les animaux sont alors doués de la paroles. Et peu avares en commentaires. Un vieux couple d'éléphant qui bougonne. Des carnivores lassés du régime de pomme de terre. Et une tortue ambiguë. L'ensemble donne un panache intéressant de leçons de démocratie et de bons mots pour la cour de récré. L'humour n'est pas absent. Et si tous ceux qui craignent l'invasion de messages bibliques doutent de l'esprit souhaité par les créateurs, il suffira d'écouter l'admirable théorie du Big Bang pour savoir qu'on est bien resté à terre.
Durant ce temps apocalyptique, les animaux s'offrent en spectacle pour notre plus grand plaisir, tandis que les humains livrent leurs angoisses. Ici, la violence est condamnée et la peine de mort un mal absolu. Nous sommes entre gens civilisés, et pacifistes. Malgré quelques "cornichons avec du yaourt dans la cervelle". Plein d'humanisme, et esthétiquement séduisant, cette Prophétie est une belle réussite d'un cinéma de résistance face à une forme d'hégémonisme culturel. Gaulois qui résiste à l'envahisseur ou simplement dernier des Mohicans, si "la fin du monde n'existe pas", on peut toujours souhaiter que l'animation européenne survivra à tout cela. Bien que cela se finisse par un festin et malgré des spectateurs certainement en liesse, il ne faudrait pas que l'embarcation de cet "Oncle Ernest" coule dans les limbes du Box Office. Ou alors Kirikou se retrouvera bien seul dans le patrimoine cinématographique français.
 
Vincy

 
 
 
 

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