Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Sing Street


/ 2016

26.10.2016
 



THE WILD BOYS






"Ce n'est pas parce que tu renonces à tes rêves que nous le devons aussi, ok?"

Au milieu d'une chambre blanche, un jeune Irlandais tente de couvrir la dispute quotidienne de ses parents avec ses chansons et sa guitare. L'ouverture de Sing Street annonce le style que veut insuffler John Carney: de la musique, son Irlande et un contexte social, entre précarité et aspiration à une vie meilleure. L'espoir est le moteur de ce film pêchu, la musique en est son carburant.


Dans tous les films de John Carney, il y a une fille... Que serait un groupe sans une femme qui les inspire, les motive? Mais Sing Street n'est pas un énième film sur l'amour qui vous fera croire que Cupidon n'est plus au chômage, même dans un Dublin dévasté par la crise et les contre-chocs de la politique de Thatcher. Il y a bien sûr des similtudes avec Billy Elliott, mais le cinéaste ne s’embarrasse pas d’un récit parallèle sur les conflits religieux ou sociaux qui déchiraient l’Irlande. Sing Street est avant tout un « feel-good movie » qui pousse un cri d'encouragement pour nous aider à renoncer à notre routine, une caresse amicale dans le dos pour nous conduire à réaliser nos rêves d'enfants souvent étouffés pour nous faire rentrer dans le moule de la société.

Ce n’est pas pour autant un film à message. Sing Street est là pour insuffler de l’optimisme, pour nous divertir et nous toucher. Le scénario, convenu certes, ne s’embarasse d’aucune digressions et renoue avec le meilleur de la comédie sociale à l’anglaise, tout en reprenant les codes de la comédie musicale londonienne. John Carney n’oublie pas qu’il faut deux trois séquences marquantes pour qu’un film frappe juste. Par exemple, celle où Brendan et Conor (la relation entre les deux frères est certainement la plus belle et la mieux écrite du film) se posent sur l'escalier et regardent avec ferveur leur mère qui a chaque heure s'assoit dehors au même endroit et au même moment afin de recevoir les rayons du soleil sur sa peau. Un Carpe Diem atemporel. Ces quelques minutes sous un arbre lui font vivre ses rêves par procuration. Il y a aussi cette séquence où le groupe tourne son premier clip, dans une ruelle déserte de Dublin, s’amusant avec des costumes « village people », une Rafina « glam-rock ». Le cinéaste mélange les prises de vues amateurs du clip avec son propre regard sur ce tournage improvisé. Comme un voyeur serait absorbé par ce qu’il contemple : des jeunes ados libres dans leur tête, dans leur bulle. Là encore il y a le désir, la faim, la soif. Car Sing Street ne parle que de ça. Dans une autre séquence très Retour vers le futur, la réalité (le groupe joue devant leurs camarades de collège) se mélange avec le fantasme (le concert idéal, où les salauds seraient mis K.O. et la « belle » rejoindrait son chanteur charmant). C’est bien cet entrelacement entre le réel et l’imaginaire, l’action présente et son carburant stimulant (le rêve, l’envie). C’est à la fois fantaisiste, drôle, ludique même, et terriblement cruel et dur : ce que vivent les personnages est tout sauf un conte de fée.

Sing Street est un rappel : il nous invite à fermer les yeux afin de retrouver l'enfant qui est en nous, prenant ainsi conscience de ce que nous sommes devenus. Et la différence entre l’adolescence avec son avenir promis et le monde adulte avec son présent subit est souvent une claque doublée d’une désillusion. Mais le film montre qu’on peut aussi accepter la défaite sans se résigner, aller jusqu’au bout de ses rêves sans avoir peur. Il n’y a jamais de pathos. La musique adoucit les mœurs et les injustices.
Bouffée d'air frais, le film donne envie de partir au bout du monde, d'embrasser le garçon que l'on n'ose pas regarder droit dans les yeux, de devenir chanteur rock, de faire du cinéma, de danser au milieu de la rue. Car au-delà de la jolie romance, des mauvais coups du sort, des mauvais coup tout court (ceux qu’on se reçoit), le récit conquiert le spectateur grâce à une alchimie parfaite entre son histoire, classique, du passage à l’âge adulte et son genre, la musique comme rituel initiatique et expression de ses sentiments.
Avec une B.O.F orgasmique, qui couvre tout le spectre pop-rock-punk des années 1980, de Aha à The Cure, via Duran Duran, The Clash et cie, et des ados qui vivent au gré de leurs influences (look gothique, psychadélique, etc…), John Carney réussit à nous faire pleurer, rire, danser, vibrer et espérer jusqu'à la dernière note. Sing Street remonte le moral. Comme une bonne pop song nous évacue notre humeur grise.
 
Cynthia

 
 
 
 

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