Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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20th Century Women


USA / 2016

01.03.2017
 



VUES SUR LA MÈRE

Le livre Bye Bye Bahia




"Quoi? J'ai juste dit menstruation, où est le problème? Écoute si tu veux avoir une relation adulte avec une femme, je veux dire si tu veux avoir une relation sexuelle avec le vagin d'une femme, il faut que tu sois à l'aise avec le fait que le vagin à des menstruations. Dit juste menstruation... il n'y a rien de grave là-dedans!"

20th Century Women confirme que l le réalisateur de The Beginners, Mike Mills, sait puiser et réinventer ses souvenirs familiaux pour en faire une matrice propre au cinéma. Le film raconte le destin de trois femmes qui gravitent dans l'univers d'un jeune garçon, féministe en devenir, dans les années 1970.

Il y a d'abord Dorothée (Annette Bening, impressionnante) une quinqua dynamique, fumeuse de cigarettes professionnelle, maladroite dans l'éducation de son fils mais touchante à souhait. Souffrant de solitude, elle fait louer sa maison à Abbie (Greta Gerwig, magistrale), pour qui on éprouve une empathie immédiate, une ex-punk trentenaire atteinte d'un cancer du col de l'utérus, féministe en puissance et artiste mélancolique à la chevelure de feu. Puis il y a enfin Julie (Elle Fanning, parfaite comme toujours), jeune adolescente qui enchaîne les hommes tout en évitant de tomber amoureuse car "l'amour n'existe pas".
Ces trois générations de femmes vont alimenter la vie de Jamie, le fils de Dorothée. Comme les trois grâces formaient la femme parfaite de Paris. Trois visages de la femmes qui composent, avec leurs lumières et leurs influences, un beau tableau du féminin.


Véritable déclaration d'amour aux femmes portée par trois actrices éblouissantes, 20th Century Women évoque leurs désirs mais aussi le poids du jugement de la société. Pour réaliser son plaidoyer, le cinéaste désacralise le corps de la femme pour mieux l'affranchir et cristallise leurs inquiétudes pour mieux révéler leurs forces. Voilà l'objet de cette comédie autobiographique du cinéaste.


La scène inoubliable du film est sans nul doute celle des menstruations. Scène de ping-pong verbal où le personnage d'Abbie demande à toutes les personnes présentes autour d'elle, à table, de dire le mot menstruation de la manière la plus naturelle qui soit. Période banalisée par la société car considérée comme impure, cette scène d'une dizaine de minutes nous donne envie de prôner nos douleurs de règles avec fierté. Et prouve par la même occasion le grand talent de scénariste de Mike Mills.
Car le cinéaste manie avec délicatesse la douceur maternelle et la cruauté de l'existence, la nostalgie d'un monde passé et le temps qui passe méchamment, tentant, à travers le lien mère/fils, de vouloir s'accrocher au présent quand l'avenir n'est pas rassurant.


Cette comédie mélancolique et engagée, drôle et subtile, touchant et signifiant, ne repose même pas sur une intrigue. Il s'agit d'une chronique en période de crise (l'âge, la vie et la mort, les mutations de la société, l'individualisme qui ronge la solidarité et le rapport à l'autre). En choisissant comme lien conducteur un alter-ego (Billy Crudup) masculin et hétérosexuel, comme dans Beginners, il prolonge cette thématique de l'enfant perdu, déboussolé par le monde des adultes. Dans beginners, le fils était troublé par un père devenu gay. Ici, il est paumé par le pouvoir des femmes.
Ces femmes, coincées entre les utopies des années 1960 et l'émergence de l'individualisme libéral des années 1980, ont le cœur brisé et nous brisent le cœur. Le film ne manque pas de générosité. Ainsi Mike Mills a opté pour un esprit plus fantaisiste que dramatique, préférant sans doute embellir ses souvenirs de jeunesse plutôt que de se noyer dans le chagrin d'une période révolue.
 
Cynthia

 
 
 
 

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