Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 24

 
Orpheline


France / 2016

29.03.2017
 



TOUTES LES FEMMES DE TA VIE






"Tu ne ressembles plus à la femme que j'ai connue!"

Le film s'ouvre sur les belles gambettes et en talons de Gemma Arterton puis enchaîne avec le visage doux mais quelque peu effacé d'Adèle Haenel. Le corps, et principalement la peau, est le maître mot d'Orpheline. Cette envie de pénétrer la peau de ces femmes qui sont imperméables tant elle ne laisse rien transparaître: trois femmes, un même personnage, celui de Karine. Arnaud des Pallières se prend pour une femme. Se met dans la peau d'une femme. Il démultiplie ainsi la femme en plusieurs comédiennes, comme Todd Haynes avait fait incarner Bob Dylan à travers plusieurs interprètes. l'artifice sert à se représenter une personnalité sous ses différentes facettes, surlignant la complexité des caractères et de l'individualité.

Karine, ambitieuse, déjantée et frôlant la chute. Il y a Karine à 13 ans (Solène Rigot, dérangeante) qui s'enfuit chaque nuit pour aller en boîte, fait des fellations dans les bois (rassurez-vous l'actrice est bien majeure, nous avons vérifié) et cherche un but dans la vie, "je ne suis pas heureuse".
Puis, il y a Karine à 20 ans (Adèle Exarchopoulos, fidèle à la triste image que le cinéma français a fait d'elle), arnaqueuse et toujours dans la débauche.
Enfin, il y a Karine à 27 ans (Adèle Haenel, son jeu est aussi perdu que le personnage qu'elle incarne), institutrice rangée mais rattrapée par son passé. De l'adolescence à l'âge adulte, la femme mue et c'est cette métamorphose qui intrigue le cinéaste. Dans son précédent film, Michael Kohlhaas, le réalisateur exacerbait la solitude d'un Homme (face à la nature, au pouvoir, et finalement à ce qui le dominait). Ici, la femme n'est pas moins solitaire mais elle cherche à lutter contre tous les autres tout en restant debout.

<Orpheline se veut être un portrait de femme mais il n'est que le portrait (trop) crue d'une femme qui n'assume pas ses actes tout en cherchant un bonheur qu'elle n'a jamais connu. Ce bonheur, elle le cherche dans l'amour de la chair telle une dépendante de l'attention humaine. Il y a une forme de furie, de rage. Maison en retient tous les mauvais côtés: des tétons, une langue qui en lèche une autre, une paire de fesses... Le réalisateur filme le corps de ses actrices de si près qu'il met le spectateur mal à l'aise. Adèle Exachopoulos semble être là juste pour pouvoir se mettre nue et coucher, à croire que La Vie d'Adèle a fossé son talent qui est immense pourtant. Trop de sexe tue le plaisir et le désir. Ici on a la sensation que cette abondance charnelle compense un vide existentiel mal défini.

En dehors de cette chair gratuite, le film n'a rien d'innovant et son personnage principal n'émeut guère. Il fait trop confiance à la cinégénie de ses comédiennes, à la facilité des situations, à des clichés sociaux pour que son film transcende quoique ce soit, malgré sa densité apparente ou son ambition suggérée. Pire, nous ne pouvons ni prendre Karine en pitié ni en empathie tant ce personnage est semblable à une coquille vide qui souhaite se remplir. Ce portrait se veut poétique mais il n'est que dramatique et bourré de stéréotypes.

Orpheline était pourtant prometteur avec son casting 3 étoiles et sa motivation a vouloir dresser le portrait d'une femme moderne, mais pas suffisamment pour nous stimuler. Trop déterministe, piégé par son concept, le film nous laisse orphelins. On suffoque, on détourne le regard, on se lasse tant la technique narrative, le formalisme expérimental étouffe la moindre émotion et la plus petite dramaturgie. C'est intime, et on reste pourtant loin, à l'écart, de cette histoire qui ne nous touche pas.
 
cynthia

 
 
 
 

haut