Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Young Lady (Lady Macbeth)


/ 2016

12.04.2017
 



SERIAL LADY





A partir d’un roman russe, lui-même influencé par le personnage de Lady Macbeth (Shakespeare) et de Madame Bovary (Flaubert), William Oldroyd transpose un portrait de femme dans une Angleterre aussi rurale qu’austère, pas très loin de l’atmosphère littéraire d’Emilie Brontë.

The Young Lady, film subtil et remarquable, offre ainsi un portrait de femme, assombri par ses tourments et éclairé par une forme de vitalité intermittente. Une ambivalence admirablement incarnée par Florence Pugh, véritable révélation cinématographique, qui rappelle Kate Winslet à ses débuts.

Le plus sidérant est le soin apporté par le réalisateur à ne pas nous faire détester cette femme meurtrière. En dépeignant avec précision l’horreur de sa condition – un mariage arrangé avec un Lors antipathique, absent, impuissant et âgé, un ennui total de femme, corsetée, recluse et « incarcérée » dans un château isolé, on compatit fortement avec elle et son étouffement.

Et finalement, elle apparaît comme le seul être libre de cette histoire. Tous sont sous l’emprise de quelqu’un, sauf elle. Même si son émancipation est immorale – une série de meurtres, de manipulations et de trahisons – cette âme damnée est aussi révoltée, contre la dictature masculine et une époque victorienne réactionnaire. Elle est un oiseau en cage qui, une fois la porte ouverte (son hymen brisé par un palefrenier, très sexy reconnaissons-le) respire un grand coup et se met à attaquer ces ivrognes, ces castrés, ces ringards dont le pouvoir ne repose que sur une autorité brusque.

Le diable au corps

A l’instar de Lady Chatterley, cette Lady Katherine va découvrir la passion, charnelle et sentimentale. Fascinante par sa froideur, elle s’humanise par ses émois de jeune femme découvrant le plaisir et la transgression. La belle et Sebastian amènent une tension sexuelle inattendue dans un film si glaçant. Ce mélange de souffre libéré et de souffle coupé conduit progressivement The Young Lady à changer de registre, quittant le drame humain pour s’aventurer dans la tragédie sanglante.

Huis-clos pervers, oppressant, le film transforme son personnage central avec précision. De la brutalité et de l’humiliation, naitront la malice et la malignité. Mais elle ne devient pas un simple monstre. Sa métamorphose vers son côté obscur est à chaque fois justifié par des circonstances atténuantes. Ce qui permet au spectateur de ne jamais la juger.

Cette empoisonneuse frôle logiquement la folie, où le meurtre n’est finalement qu’un moyen de libération. Le film y va par petites touches, sans fracas. Etape par étape. Presque de manière anodine. L’effrontée ose ainsi imposer sa Loi, sans se soucier des conséquences. Sans se préoccuper des imprévus de la vie. Elle ira ainsi de plus en plus loin dans son délire de se sauver, d’échapper à la Loi des hommes, dans son désir d’être maîtresse de son destin. Innommables intentions. Le pire n’est jamais sûr tant le cinéaste nous enfonce dans sa noirceur. Dans cette maison des horreurs, ce théâtre macabre, les justes et les sincères vont vivre un enfer. Cyniquement, ils sont perdus. Moralement, Katherine est perdue.

Intense, le film s’achève en apothéose. Le monstre est trahi par son apôtre, qui sera crucifié en retour. Ces petits rebondissements finaux captivent. Jusqu’à cet ultime plan où le fardeau des méfaits pèsent sur le visage de cette jeune femme seule dans son château. A l’instar de Glenn Close qui tombait le masque dans la dernière image des Liaisons dangereuses. Défaite. Sublimement défaite.
 
vincy

 
 
 
 

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