Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La Planète des Singes: Suprématie (War for the Planet of the Apes)


USA / 2017

02.08.2017
 



APECALYPSE NOW





«- Je n’ai pas provoqué cette guerre. »

Ainsi se conclut la trilogie de La Planète des Singes, en tout cas la trilogie de César. En regardant rétrospectivement les trois épisodes assemblés, on s’aperçoit de la cohérence, pas forcément frappante avec les deux premiers épisodes, et de la progression dramatique de la saga.

Le premier film – Les Origines / Rise – surtout épatant pour ses effets spéciaux, proposait un récit classique, grand public, où les humains étaient présents mais déjà moins intéressants que les singes. La révolte de César était une ode basique au droit à l’émancipation.

Avec le deuxième opus – L’Affrontement / Dawn - l’insurrection, les trahisons et finalement la dramatisation dans le clan de César donnait du relief à ce Western où les Indiens étaient des Primates et attaquaient le fort assiégé. Les humains n’avaient déjà plus d’intérêt.

La série basculait ainsi entre un film atemporel hollywoodien et un blockbuster dans l’air du temps.

Notons d’ailleurs que les titres ne sont pas anodins. En Français, on évoque la racine d’un combat (dû à l’homme), puis le conflit binaire hommes/singes avant de parler de Suprématie, manière d’indiquer qui est le vainqueur de cette confrontation. En version originale, c’est une ligne temporelle : la progression, l’éveil et finalement la guerre.

Le plus réussi des trois

C’est d’autant plus subtil, que ce troisième film est en effet un film de guerre. Sans doute pour cela qu’il est le plus réussi. Ce n’est pas seulement la guerre entre des Singes cherchant leur Terre promise (l’épilogue à quelque chose de biblique) et des Hommes acculés à survivre, mais bien une parabole de toutes les guerres. Pas forcément finement, le film évoque ainsi celle du Vietnam (un gros clin d’œil à Apocalypse Now), la Shoah (un autre gros clin d’œil à La Liste de Schindler et La Grande Evasion), ou les récentes guerres chimiques.

Le plus surprenant est que ce troisième film fait beaucoup moins de concessions aux standards hollywoodiens. Il prend le temps de raconter et offre peu de scènes d’action avant le final explosif (et un peu confus dans les plans). Il y a bien ce prologue tendu dans la forêt pluvieuse. Mais le reste des batailles est assez furtif pour ne pas dire éclair et expéditif.

Des trois films, c’est le plus psychologique. Le plus tragique aussi. Bref, le plus tourmenté. Il y a une noirceur dans les âmes qui donnent un aspect presque crépusculaire. Les hommes ne sont que des seconds-rôles dans cette affaire de libération.

Parce que le scénario prend le temps de raconter une histoire, une épopée en solitaire quasiment, et pose clairement l’enjeu de la survie des deux espèces en présence, le film prend une autre dimension et donne du relief aux deux précédents. Il ne se repose pas sur des séquences spectaculaires mais sur les dilemmes de chacun, à commencer par César, vieillissant, dubitatif, une fois de plus formidablement incarné par Andy Serkis qui mériterait un Oscar spécial.

On aurait pu craindre une bête histoire de vengeance et cette un film qui évoque superficiellement ou un peu lourdement, selon les thèmes, la coexistence des peuples, les migrations, les frontières, l’Amérique de Trump et autres néo-réacs. Il y a une rage qui sous tend l’édifice. Une peur qui envahit tous les personnages.

Crépusculaire

En faisant la synthèse des deux premiers films – la première partie est un exode, la deuxième un western hivernal, la troisième une bataille sans fin – avec ses traitres, ses meurtres, sa sauvagerie, La Suprématie prend l’ascendant sur la trilogie. Il y a quelque chose de pourri dans ce Royaume. Les décors ont une allure de fin de civilisation. Le suspens est maîtrisé, les pistes sont d’ailleurs volontairement brouillées, au point de nous captiver alors que le scénario ne joue pas au grand huit.

César devient finalement humain. Avec ses contradictions, ses espoirs. C’est le grand triomphe de cette saga : on éprouve davantage d’empathie pour ceux qui vont éteindre l’humanité. L’esclavagisme des « bêtes » rend l’Homme plus bestial (il en perd d’ailleurs l’usage de la parole).

César est donc le seul héros de cette saga – même si son fils Cornelius pointe le bout de gueule – et ceux qui vont mourir le saluent. La nature l’emporte sur les armes. La planète a choisit son camp. Cette nature omniprésente, comme originelle, entre désolation et luxuriance. C’est elle qui domine tout. Le message est clair : l’homme, en voulant être l’espèce suprême, ne peux que succomber à sa force.

De quoi faire de cette trilogie un Requiem anticipatoire de notre folie.
 
vincy

 
 
 
 

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