Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Maria by Callas (Maria by Callas: In Her Own Words)


France / 2017

13.12.2017
 



AVÉ MARIA





Parfois un documentaire vous attrape par inadvertance, quand vous ne vous y attendez pas. On avance dans le film en comprenant le procédé narratif, en croyant connaître la plupart des étapes parfois, et finalement en attendant la petite anecdote ou l’image d’archive qui va nous surprendre.

Maria by Callas vous happe réellement quand le réalisateur Tom Volf décide de la faire chanter.

Mais avant cette séquence, on a déjà compris qu’il y avait deux femmes: Maria, jeune fille grecque dont on a volé l’enfance, et la Callas, star mondiale qui n’a pas un gramme de vie pour elle. Cette « bipolarité » - l’ambition d’être la meilleure et le regret de ne pas avoir eu une vie normale – se fracasse rapidement à la réalité : surexposée en permanence, déracinée continuellement, malheureuse souvent.

Tous les sacrifices de Maria pour qu’elle devienne la Callas sont énoncés dès les premières scènes, puis approfondis au fil de sa vie. On remarque déjà la rareté des archives, l’habileté du montage, sous forme d’interview (réelle) amenant les flash-backs et les thèmes autour desquels s’articule l’existence de la cantatrice. A ces peines et ses douleurs, ses élans et sa passion, s’ajoute la voix singulière de Fanny Ardant lisant ses lettres.

Star mondiale

Lettrée, on voit aussi qu’elle n’est pas particulièrement belle, mais qu’elle a cette grâce assez unique et un charisme ineffable. Pourtant cette petite exilée perpétuelle attirait la lumière, les vedettes (Cocteau, Bardot, la Reine Elisabeth II, Deneuve et Dorléac…), le public en masse (qui dormait dehors pour obtenir des places à ses opéras ou récitals). Une véritable star avec son nom en haut de l’affiche.

Et c’est à ce moment là que le documentaire s’envole. Jusqu’ici on était en terrain familier. On nous a replacé le contexte dans les mémoires. On suivait l’enchaînement chronologique de sa vie, de ses parents à ses premières performances.

Don unique

Tom Volf décide alors de montrer une prestation de la diva : Norma de Bellini. Le spectateur assiste à l’intégralité du chant. Une longue pause musicale qui fait frissonner. Et c’est ce qui rend le documentaire si exceptionnel. Il ne découpe pas le morceau : il le livre intégralement. Il respecte à la fois l’art lyrique, son interprète et le spectateur. Il transmet ainsi le motif et finalement l’essentiel et la préciosité de cet objet cinématographique, soit le génie de la Callas.

Pourtant, il ne la ménage pas toujours. Il frôle les zones d’ombre, certes superficiellement car il n’ose pas le sacrilège (le blasphème ?). Il décortique surtout les accidents de sa carrière : une sale bronchite qui cause un scandale culturel en Italie, une hernie qui l’empêche de se produire, sa liaison avec Onassis humiliée par Jackie ex Kennedy, son absence de maternité, son renvoi du Metropolitan Opéra, la presse qui la harcèle, sa fatigue récurrente.

Car il y a une part de tragédie dans cet itinéraire. Une descente aux enfers, tout juste ralentie par quelques belles rencontres (notamment Pasolini qui lui offre Médée sur un plateau). Son destin est dramatique. Ce qui en fait, en soi, un objet de cinéma.

Comme un oiseau sur la branche

Parfois, elle paraît insupportable. Toujours chic, toujours élégante, elle semble l’archétype de la chanteuse d’opéra. Cependant, sa fragilité, son manque de confiance,son perfectionnisme qui la rendait insatisfaite, son envie d’être libre, la rendent profondément touchantes. Et comme Norma nous avait hypnotisés, chacun des grands morceaux offerts en grand écran sont comme un miroir à sa propre vie. La tragédienne sur scène fusionne alors avec son existence tragique dans le réel.

S’élève ainsi La mamma morta de Giordano, que les cinéphiles connaissent grâce à Philadelphia de Jonathan Demme. Mais ce que l’on voit c’est bien que cet art était son enfant, un don aux autres, qu’elle incarnait subliment ces femmes d’un autre temps et leurs souffrances, se retrouvant en elle, sans aucun doute.
 
vincy

 
 
 
 

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