Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Disaster Artist


USA / 2017

07.03.2018
 



NAVET GRATINÉ





«- Je veux ma propre planète.»

Tim Burton s’interrogeait sur la différence entre un artiste sans talent et un qui réussit dans Ed Wood. Dans la même veine, James Franco évince la portée existentialiste du propos et préfère l’angle de la satire mais s’interroge lui aussi sur l’obsession d’un homme pour son rêve : faire du cinéma.

The Disaster Artist n’est pourtant pas un hommage au navet The Room de Tommy Wiseau. Certes, on sent une bienveillance et une forme d’indulgence de la part de James Franco, qui choisit de ne pas juger le personnage (idiot ? mégalo ? fou ? mytho ?). Ce qui intéresse finalement le réalisateur dans cette histoire vraie ce n’est pas tant le ratage de The Room mais plutôt savoir si ce film raté peut-être considéré comme de l’art et même du cinéma.

Dès le départ le ton est donné. Son frère Dave Franco incarne un comédien médiocre, coincé, et qui va se faire humilier par un olibrius visiblement décalé en lui succédant sur scène avec un jeu bestial et foutraque. Une sorte de Vampire qui bouffe l’écran avec les crocs. C’est hilarant. Les deux « losers », et c’est évidemment renforcé par le double jeu des deux frères hollywoodiens, vont former une paire comique.

Car The Disaster Artist est avant tout une déclaration d’amour humoristique au cinéma. Même le pire film a besoin d’une costumière, d’un assistant réal, d’un script, etc… Peu importe le résultat, c’est une passion.

Franco convoque Hollywood (Mélanie Griffith, Sharon Stone, Seth Rogen…) pour illustrer « les professionnels », ceux qui « savent » comment ça marche. Pour le reste, il tisse un scénario très classique qui démarre avec la rencontre du réalisateur avec l’acteur pour se finir avec la première projection de The Room.

« Pourquoi il lui baise le nombril ? il sait où est un vagin ? »

La comédie n’est pas seulement désopilante ou grinçante. Même si Franco n’hésite pas à se moquer d’Hollywood. Sous le vernis d’une parodie bien ficelée, le cinéaste-comédien n’hésite pas à équilibrer les forces : d’un côté un système tout puissant qui rejette tout corps étranger ou dérangeant, de l’autre un amateur qui réalise son rêve malgré tous les handicaps.

Le reste est une mise en abyme. Ce qu’on croit être outrancier, excentrique, trop « énorme », est bien réel : Franco duplique The Room quasiment image par image (le stupéfiant générique de fin l’atteste), à la manière d’un Gus Van Sant refaisant le Psycho d’Hitchcock. Jamais il ne se moque. C’est d’ailleurs la partie la plus premier degré du film. Evidemment, cela déclenche les rires. 68 prises pour un texte de quatre lignes qui n’a en plus aucun sens: on comprend d’autant mieux le culte de ce nanar voué par les « connaisseurs » depuis quinze ans.

Ce Freaks de Franco assagit et anoblit finalement un film naze. Ce qui intéresse la star de La Planète des singes ce ne sont pas les singeries d’artistes refoulés, mais ce désir qu’ils avaient de casser les codes. Le cinéaste Franco a toujours cherché cette voie alternative aux récits convenus des studios. Paradoxalement, c’est en faisant son film le plus hollywoodien qu’il parvient à faire ce casse. A mettre en lumière la liberté artistique autant que les films de l’ombre. Si The Room est un désastre artistique, The Disaster Artist est un brillant exercice satirique, avec ce qu’il faut d’insolence.
 
vincy

 
 
 
 

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