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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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UNE AFFAIRE DE DÉPANNAGE
Un dépanneur de voiture vient en assistance à une conductrice en panne, et à l'insu de son plein gré, il se retrouve à passer la nuit chez elle : le lendemain matin elle a disparue mais il y a là un petit garçon, un bébé, leur soeur et même un chien. Ce joyeux drille de 43 ans est encore un 'Tanguy' mal assumé qui vit chez sa mère et qui travaille pour elle dans son garage, souvent incapable d'être à l'heure à un rendez-vous... Que faire de ces enfants, où est leur mère ? Durant quelques jours ce grand gamin va devoir devenir un homme par lui-même et se découvrir des nouvelles responsabilités. Roulez jeunesse évoque la famille, celle que l'on n'a pas choisie comme celle que l'on rencontre, à la fois comme un poids et comme une émulation.
De célibataire avec ses petits problèmes Eric Judor se retrouve donc le tuteur involontaire de plusieurs enfants et dont il veut se débarrasser suite à des grosses catastrophes... Le début du film nous fait vite découvrir une galerie de portraits de son entourage (la mère fatiguée, les collègues fainéants, l'ex petite amie rancunière...) pour mettre en valeur cet homme irresponsable et qui va de voir faire face à la plus grande des responsabilités : se dévouer aux autres. Le scénario évolue alors avec différents rebondissements d'abord amusants puis plus tragiques pour raconter cette transition qui s'opère en lui : grandir enfin.
La force de Roulez jeunesse est un subtil équilibre entre la trajectoire d'émancipation de cet homme, et la thématique plus délicate d'enfants abandonnés avec son corolaire de différents services sociaux dépassés. Le scénariste et réalisateur Julien Guetta parvient à cette alchimie où la légèreté et l'humour peuvent aussi accompagner une certaine empathie. Comment une famille peut se reconstruire quand il manque une personne ?
Un prénom avec le duo Eric et Ramzy puis un patronyme, Judor, dans plusieurs films comme comédien: le "comique" a toujours joué au cinéma une extrapolation clownesque de lui-même. De anti-héros débile (La tour Montparnasse infernale, Double zéro...) à héros en devenir (Halal police d'état, Mohamed Dubois). En parallèle du clown de la rigolade qui se donne en spectacle au cinéma, c'est en fait peut-être plutôt à la télévision (avec les séries H et Platane) que Eric Judor a su le mieux démontrer l'étendue d'une palette de jeu plus subtile dans les émotions. Les plus grands comiques se sont révélés aussi les plus grands acteurs dramatiques dans des rôles qui les ont éloignés de leurs grimaces et langage habituel : comme par exemple deux de ses influences Jerry Lewis (avec La valse des pantins ou Jim Carrey (avec Eternal sunshine of the spotless mind).
Eric Judor l'avait expliqué au public du Festival de Cabourg lors de la première de Roulez jeunesse : « J'adore la comédie, mais j'ai aussi envie d'aller vers le drame par palier. J'ai envie d'explorer des rôles plus dramatiques, mais sans aller vers de la grosse chialade : tout en restant moi-même ». Le scénario de ce film lui offre justement la partition rêvée pour cette voie, d'autant plus que le début montre une double tonalité, d'abord comique avant de progressivement glisser justement vers le drame et des sentiments plus complexes. Ce rôle de papa-poule malgré lui permet à Eric Judor de briller comme un acteur en or.
Avec ce premier film, Julien Guetta parvient à mélanger les tons, ce qui est assez casse-gueule dans la comédie française. Roulez jeunesse est finement écrit, drôlement bien casté (les enfants incroyables Ilan Debrabant et Louise Labeque, et aussi Marie Kremer et Laure Calamy...). Le film glisse du rire vers la tendresse avec émotion. Il faut le saluer : parmi l'ensemble des comédies franchouillardes trop paresseuses Roulez jeunesse est une belle surprise.
Kristofy
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