Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Bonhomme


France / 2018

29.08.2018
 



LE CŒUR A SES DERAISONS





« On peut oublier qui on est mais pas oublier qui on aime. »

Avec Bonhomme, Marion Vernoux signe un film sensible et sur le fil entre une réalité sociale dure et une relation amoureuse troublée. Maniant les ellipses temporelles avec maîtrise, la cinéaste réussit surtout à ne pas entraîner son film dans le sordide ou le pathos malgré son personnage central, traumatisé crânien (et obsédé sexuel).

Si le récit est crédible, c’est bien grâce au couple formé par Nicolas Duvauchelle, toujours aussi félin, tantôt matou d’appartement tantôt fauve prédateur, « con comme un ado », et Ana Girardot, qui joue les compagnes, mères, infirmière, coincée dans de multiples impasses mais cherchant toujours à s’en sortir. Leur charme, leur naturel produisent une alchimie qui se révèle en bout de course.

Dans cette banlieue sans âme, où les grandes surfaces et les parkings sont les zones de rendez-vous, où le béton écrase tout, chacun se débrouille, vivote, s’adapte. Les petits jobs, la pression des du chiffre, les dettes : tout s’accumule. Le portrait de ces derniers de cordée sonne assez juste. D’une façon plus globale, on sent bien que Marion Vernoux prend plaisir à écrire le moindre rôle. Béatrice Dalle, en mère sans filtre et François Rollin en médecin pragmatique, excellent dans chacune de leurs scènes. On aurait presque aimé qu’ils soient plus développés.

C’est d’autant plus frappant que la réalisatrice démontre l’absence de solidarité qui traduit notre époque, qu’elle soit parentale, amicale ou professionnelle. Chacun pour sa pomme.

Heureusement il y a cette affection, ce lien invisible qui lie les deux amoureux. Cette foi en l’avenir, sans un seul regret pour le passé, fut-ce-t-il dramatique. Et il y a l’humour aussi – les lapsus ambiguës du chef de service notamment – qui désamorce le cauchemar perpétuel. Car Bonhomme est une comédie qui dégénère à chaque fois un peu plus. Du juge aux beaux-parents, du mâle priapique transformé en machine à baise pour femmes en manque à la visite de l’assistante sociale qui part en vrille, Vernoux dénonce par l’absurde un monde kafkaïen où chacun doit contourner les règles et la morale pour arriver à ses fins.

« Tout dépend ce qu’on veut : un légume ou une bestiole, une carotte ou un lapin » : avec Bonhomme, on imaginait un récit larmoyant et finalement, on apprécie une histoire- certes un peu légère et optimiste – mais avant tout vivifiante.
 
vincy

 
 
 
 

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