Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Chien de garde (Family First)


/ 2017

14.11.2018
 



MODERN FAMILY DRAMA





"Ton frère devrait se faire soigner."

Le Canada vient-il de trouver le nouveau Xavier Dolan ? C'est ce que l'on est en droit de penser après avoir vu Chien de garde, le premier film de Sophie Dupuis.

Frères ennemis

JP et son frère cadet Vincent, un jeune homme instable, se comportent en petits princes de la rue. A Verdun, le quartier de Montréal dans lequel ils habitent, ils "collectent" pour leur oncle, un malfrat hargneux. Dans l'appartement où s'entassent les deux frères, se trouvent également leur mère Joe, alcoolique sensible, et Mel, la petite amie de JP qui, comme lui, aspire à mieux.

Pendant près d'une heure et demi, Sophie Dupuis, laisse planer la question "Peut-on échapper à son sang, à son milieu ?" Car Chien de garde est sans l'ombre d'un doute un drame familial, l'histoire d'une famille dysfonctionnelle qui tente de survivre dans un monde où les diplômes n'empêchent pas le chômage et où la norme continue de faire sa loi.

Grâce à une histoire de "job" à accomplir, Sophie Dupuis, qui a également écrit le scénario, parvient à mettre en scène la rivalité naissante entre les deux hommes. Partagé entre celle qu'il aime et qui se prépare à déménager et une mère incapable de prendre les décisions nécessaires concernant Vincent, JP se laisse le temps de la réflexion. Mais la vie qu'il mène pour le moment ne lui laisse guère de répit.

En effet, bien décidé à prouver à leur mère qu'il est aussi indispensable que JP, Vincent fait du zèle. Mais quand les ennuis se font de plus en plus nombreux, il ne peut appeler qu'une seule personne. Et si l'épilogue de Chien de garde est bien entendu le moment le plus attendu en raison de la tension mise en place tout du long, force est de reconnaître que la réussite du film tient principalement dans cette fraternité exacerbée et portée à merveille par ses deux interprètes principaux : l'exceptionnel Jean-Simon Leduc et l'impressionnant Théodore Pellerin que l'on retrouvera prochainement dans Boy Erased..

Sacrifice pour tous

Outre la communion entre les deux frères, Chien de garde brille par la manière dont Sophie Dupuis parvient à placer le spectateur au centre de ce capharnaüm. Complètement réceptif aux interrogations de JP, le spectateur ne peut s'empêcher de se poser les mêmes questions : dois-je partir ? Puis-je partir sans donner à mes proches l'impression de les abandonner ? Me sentirai-je aussi utile une fois séparé d'eux ?

Portrait décomplexé d'une famille canadienne white trash, Chien de garde fait réfléchir à tous les sacrifices que l'on s'inflige pour ceux que l'on aime - d'autant plus lorsque l'on partage le même sang. De manière assez subtile, Sophie Dupuis réussit ici à traiter la perte d'intimité, d'autonomie de liberté lorsque l'on est trop soudé à ceux qui nous connaissent depuis toujours.

Et pour nous faire adhérer aux choix parfois farfelus de ses protagonistes, elle n'y est pas allée par quatre chemins : gros plans, caméra portée, cut rapides, piano grandiloquent, etc. Mais cela ne donne jamais l'impression d'un trop. Grâce à un style naturaliste et des dialogues percutants, Sophie Dupuis n'est d'ailleurs pas sans rappeler un autre réalisateur qui a été sélectionné pour représenter le Canada aux Oscars : Xavier Dolan.

Petites attentions

A l'image de son aîné, Sophie Dupuis réussit à condenser un grand nombre de scènes et d'intrigues. Et cela sans jamais que l'on ait le sentiment que l'un de ces éléments est relégué au second plan. Comme une scientifique qui ne quitterait jamais son microscope, la réalisatrice impose certes ses séquences à l'écran mais nous laisse adorer cette fable tragi-comique.

Là où Sophie Dupuis se différencie néanmoins de son compatriote, c'est au niveau de son utilisation de la musique. Présente, cette dernière ne vient jamais polluer les mini-épisodes de la vie de cette famille. La musique est toujours utile et a un sens. Comme lorsque l'on suit les deux frères dans un bar où se retrouvent des rappeurs et où le rap, justement, vient expliquer la dureté de leur quartier.

Et même en réalisant un film centré sur une relation d'amour-haine entre deux hommes, Sophie Dupuis n'en oublie pas de mettre la lumière sur les femmes. Ainsi, en mère alcoolique, Maude Guérin est absolument méconnaissable tandis que Claudel Laberge joue à la perfection les copines blasées.

En définitive, c'est sans jamais porter de regard misérabiliste ou moralisateur que Sophie Dupuis nous présente une famille qui n'a rien à envier aux Gallagher de Shameless : l'amour côtoie sans cesse la douleur. Et là où Mommy se posait en réquisitoire contre la loi S 14, Chien de garde ne médicalise pas l'état de Vincent et permet au spectateur de percevoir celui-ci comme un marginal et non comme un malade. Au sens littéral.

Violent par moments et surtout touchant, Chien de garde est de ces films qui nous marquent par leur brutalité mais que l'on adore revoir !
 
wyzman

 
 
 
 

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