Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Pupille


France / 2018

05.12.2018
 



L' ENFANT





« Mon travail, c’est pas de trouver un enfant à des parents qui souffrent. Mon travail, c’est de trouver les meilleurs parents possibles à des enfants en difficulté »

Pupille, deuxième long métrage de Jeanne Herry, est un grand film populaire, au sens le plus noble du terme. De par son sujet, son casting et son écriture sensible, il offre au cinéma français l’une de ces belles surprises désarmantes que l’on ne peut s’empêcher d’aimer. Bien sûr, le film n’échappe pas à quelques ressorts scénaristiques un peu épais, à quelques effets faciles, à quelques bons mots trop écrits pour sonner parfaitement justes. C’est vrai qu’on est même déçu de le voir dévier, vers le milieu, de la ligne presque purement documentaire qu’il s’était fixée, pour aller vers un ton plus convenu de fiction grand public dans laquelle il se doit d’y avoir du suspense et une histoire d’amour.

Mais hormis ces afféteries (une manière de céder aux lois du marché ?), Pupille fait preuve d’une sincérité et d’une sensibilité à toute épreuve, capable de faire verser des tombereaux de larmes à ses spectateurs non par des effets artificiels de cinéma, mais par sa manière de recréer le réel sous nos yeux : l’histoire de ce bébé abandonné dès sa naissance par une (trop) jeune mère qui ne peut pas l’assumer, devient immédiatement l’histoire de tous. C’est ce mécanisme collectif que filme Jeanne Herry : cette chaîne humaine qui se met en place pour prendre en charge un enfant qui est littéralement seul au monde. Elle le fait avec retenue et pudeur, au travers de scènes courtes, souvent interrompues, qui laissent l’émotion en suspens, et privilégient une certaine forme de réalisme. Les flashs-back, notamment, permettent de comprendre le parcours du combattant que représente l’adoption. Les scènes plus administratives viennent en rappeler les enjeux, au cœur de questions de société brûlantes. Et si toutes les séquences mettant en scène le bébé ont un fort potentiel lacrymal, elles permettent aussi d’incarner l’idée théorique d’enfants en attente d’adoption. De leur donner un corps bien réel, qui pleure, qui a faim, qui ressent la peur et le doute.

En rendant concret ce qui d’habitude ne l’est pas, en racontant la rencontre presque miraculeuse entre une mère en quête d’enfant et un enfant en quête de mère, Jeanne Herry s’exposait au risque de l’angélisme, de l’émotion facile et des bons sentiments. Pourtant, magie du cinéma, on est bien loin du compte, avec un récit qui certes remue les tripes, mais surtout dévoile avec une extrême pudeur la naissance d’un lien indéfectible entre deux parfaits étrangers amenés à être tout l’un pour l’autre. Une autre forme de naissance, un autre moyen de mettre au monde. Bien loin des clichés rances sur ce que devrait être une famille, l’indéfectibilité supposément sacrée des liens du sang ou toute autre faribole sur ce qui est « naturel » et ce qui ne l’est pas.
 
MpM

 
 
 
 

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