Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le retour de Mary Poppins (Mary Poppins Returns)


USA / 2018

19.12.2018
 



UNE NOUNOU D’ENFER





« Les lendemains qui chantent n’arrivent pas. »

Quelle drôle d’idée de faire une suite au cultissime Mary Poppins. Il faut savoir que la nounou magicienne a été l’héroïne de 8 livres. Il y a encore de la marge.

Dès le début, on retrouve Londres, la brume, la chanson style Broadway (années 1950). On a remplacé les ramoneur par l’allumeur de réverbère. L’époque a changé aussi : on est entre les deux guerres, en pleine crise économique.

La comédie musicale « à l’ancienne » s’offre ainsi un fond un peu social. La famille est un peu plus folledingue aussi, avec un jeune père veuf de trois enfants et sa sœur vieille fille. Bref on nage entre désespoir matériel et détresse affective.

Mais pour le reste ce n’est pas du tout noir. Disney ravive les couleurs pastels du film originel. Un cerf-volant remplace un parapluie mais tout est toujours aussi absurde et surréaliste. La logique et les cartésiens ne sont pas à la fête dans cet univers de perlimpinpin. On l’aura compris, cette suite s’arrime à un scénario plus convenu, proche des Paddington et autres comédies familiales londoniennes de l’époque, avec un couplet anticapitaliste (coucou Jean-Christophe Robin) et « gauchiste » (le père est un artiste, la sœur une féministe syndiquée).

« Qui aurait cru que cette Grande dépression serait si rentable ? »

Ce qui fait qu’il perd un peu de son charme. Soyons objectif, cependant, quiconque n’a jamais vu le premier film, trouvera celui-ci plaisant.

Pointons les agréables surprises : Emily Blunt idoine pour le rôle de cette snob, élégante, narcissique, taquine et maniaque (bref une Nanny McPhee chic) ; des tableaux « picturaux » inspirés (de la baignoire au bol en céramique, la plongée dans un « second space » est toujours aussi belle), qui ose encore le 2D vintage d’un Disney sixties ; des caméos truculents (pingouins, Meryl Streep, Dick Van Dyke, Angela Lansbury) ; quelques bonnes répliques saupoudrées dans un récit classique.

On saura davantage déçu par la banalité de l’histoire et surtout les chansons (un comble), pourtant portées par des chorégraphies soignées. A Supercalifragilisticexpialidocious, on nous propose / oppose Luminomagifantastique. Soit. Méfiez-vous des apparences est finalement le seul morceau proprement musical et convainquant, osant un slam qui modernise un peu l’ensemble. Trop nostalgique, la partition est d’un autre temps et vieillit le film, tout en ne se détachant pas assez du premier, qui, par conséquent, impose son emprise.

Difficile de rivaliser avec la bande originale du premier, un must du 7e art. C’est le talon d’Achille de cette suite. Et comme on anticipe rapidement le dénouement du scénario, on se raccroche au délire (sage) de cette aventure animée.

« - Vous avez déjà conduit un vélo ? – S’il vous plaît, en quoi ce serait différent d’un éléphant ? »

Perfectionniste et sans accro, la production dégage du coup une technicité qui rend ce film un peu plus artificiel et moins fantaisiste que le premier épisode. Paradoxalement, presque vieillot, il paraît aussi plus spectaculaire. Tout est d’ailleurs dans cette séquence ultime de ballons qui s’envolent : l’effet visuel est plus maîtrisé qu’en 1964 mais on se demande si les enfants du XXIe siècle s’émerveilleront de voir des londoniens s’élevant dans les nuages avec des ballons colorés.
 
vincy

 
 
 
 

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