Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Deux fils


France / 2018

13.02.2019
 



HAUTS, BAS, FRAGILES





« - Tu sais ton oncle était vraiment métastasé.
- Merci beaucoup. Mais c’était vraiment quelqu’un de bien.
»

Félix Moati se suit pas les pas de son père mais poursuit son chemin singulier avec ce premier long. Avec sa galerie de portraits dysfonctionnels, tous bons pour des séances de divan à vie, il filme la perte de l’innocence de trois individus qui ne parviennent pas à affronter les bobos de la vie, et plus globalement l’âge adulte.

Un père et ses deux fils, séparés par un grand écart d’âge, autant dire trois générations, semblent perdus dans leur déprime. Trois hommes qui clochent, à l’existence bancale, se complaisant dans le goût de l’inachevé. Dans ce Paris populaire et bobo, ces hommes malades se mentent, cachent leur vie réelle, sauvent tant bien que mal les apparences. Un trio de losers – l’alcoolique, le soumis, le mystique - qui ne manquent pas de charme grâce à la sensibilité et la vulnérabilité des personnages, tous parfaitement incarnés par les comédiens.

« Vous n’êtes pas des hommes ! »

Felix Moati, parallèlement, ne met pas ses obsessions sous le tapis. Son regard lucide sur une masculinité fragile s’avère touchante. Les femmes sont beaucoup plus lucides et fortes. Objets de désir aux yeux de ces hommes qui cherchent à leur plaire, elles les remettent sur les bons rails tout en leur rappelant l’égalité des sexes et en assumant leur liberté.

Le désordre des émotions prend sa source dans ce maelstrom de sentiments qui les envahit. Deux fils est un jeu de regard : fuyants ou fixes, lâches ou déterminés, résignés ou amoureux. Ce film psychanalytique, entre confrontation et abandon, compassion et dérision, aborde ainsi toutes les contradictions de ce trio familial. Cette bande de rêveurs incapable de vivre sans l’autre. Le cœur peut ainsi s’arrêter par manque d’amour ou, au contraire, battre la chamade au contact d’une autre. A l’image de cette musique jazzy dont les envolées sont imprévisibles.

A la croisée des chemins d’une étape de leur vie, explorant le mystère insondable de l’écriture, des femmes et de Dieu (autant d’autoportraits du réalisateur), le scénario déroule le tableau d’une solitude existentielle, où trois êtres sont dans un vide, espérant qu’une héroïne va les sauver.

"Ça a été long et fulgurent. Comme un cancer du colon."

Cela ne manque pas d’humour, notamment quand il s’agit de la mort. Ni de clash, comme toute passion familiale. Le film paraît parfois aussi fragile que les protagonistes, aussi incertain que leurs destins. Dans cette inquiétude généralisée, entre perte de confiance et complicité ébranlée, se dessine une envie de vivre ensemble salutaire. La turbulence des sentiments n’empêche pas de trouver son chemin.

Pour ce premier long, l’acteur réalise un film un peu foutraque, plein de petits défauts, mais aussi rempli de charmes et d’empathie. Un film sur le deuil de l’enfance et de l’amour (pour un frère, pour une fille, pour Dieu) d’où surgit parfois de très belles scènes comme ce ballet aquatique muet dans la piscine. Loin du monde, dans le silence.
 
vincy

 
 
 
 

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