Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le Mans 66 (Ford v Ferrari)


USA / 2019

13.11.2019
 



TURBO ET TURBIN





«- James Bond ne conduit pas une Ford, Monsieur.
- Parce que c’est un dégénéré.
»

James Mangold signe un film vrombissant autour d’un fait sportif réel : le triomphe de Ford sur Ferrari dans la course la plus emblématique et la plus endurante du monde, les 24 heures du Mans.

Mais ce n’est pas forcément un film de course automobile. Dans le domaine, Rush (de Ron Howard) est beaucoup plus réussi, plus sensoriel, plus vibrant. Le Mans 66 se rapproche davantage de Tucker (de Francis Ford Coppola), soit le récit de la vision d’un ingénieur, de la folie de quelques hommes, de l’ego flatté des victorieux ou blessé des humiliés.

Le scénario pivote autour de plusieurs axes qui ont toutes la même thématique : la rivalité. Celle qui oppose une marque automobile « mondialisée » vieillissante et pas loin de la casse à un constructeur « familial » qui flirte avec la perfection technique.
Celle du duel entre les Ford bleues un peu ploucs et des Ferrari rouges si sublimes.
Celle qui confronte les « bureaucrates », financiers et autres cadres dirigeants coincés dans leurs ambitions et effrayés à l’idée de perdre une once de pouvoir face à des têtes brûlées, créatives, ingénieuses, dont le seul objectif est de gagner une course, dont le seul motif est la quête de vitesse indépassable.
Evidemment, il y a aussi, en ligne de mire, la rivalité entre les pilotes eux-mêmes. Et au milieu de ces axes, il y a Caroll Shelby, ex-vainqueur des 24 heures, fabriquant de bolides, incarné par un Matt Damon impeccable, allié à un pilote britannique génial, un brin colérique, un peu impulsif (Christian Bale, pour une fois loin de tout excès, mais proche du cabotinage). Leurs complicité et amitié forment le socle émotionnel qui soutient toute l’histoire, jusque dans la tragédie.

C’est l’époque de la voiture reine, celle qui sert de fantasme, qui reflète l’identité du conducteur. Le corps est en mouvement sur quatre roues. Ici, la voiture est encore plus que cela : un symbole orgueilleux provoquant les susceptibilités de ceux qui la vénèrent. Entre offenses et arrogances, Ferrari et Ford, le match est industriel, technique, mais surtout emblématique. C’est étrangement, malgré la firme italienne, malgré le cadre de la ville française des rillettes, une histoire très américaine. Un film bien écrit, bien filmé, bien joué.

Risky business

Paradoxalement, on pourrait le comparer à une bonne Ford. Mais il n’a pas le raffinement d’une Ferrari. Mangold réussit, cependant, quelques séquences fabuleuses (notamment quand l’héritier et patron de Ford est embarqué à 300 kilomètres/heure sur les pistes de l’aéroport de Los Angeles). Il a quelques audaces aussi en n’appuyant pas les moments les plus attendus, soit en prenant une certaine distance (par rapport à un événement dramatique), soit en le ramenant à l’humain (là où on aurait pu s’attendre à un déferlement de musique et de cotillons).

Car, derrière ce thriller sportif, le réalisateur n’oublie jamais qu’il y a des hommes derrière la mécanique. C’est un alliage subtil entre sciences et individus, entre sport et industrie, entre folie et finances. Dans ce monde de mâles (seul Bale est doté d’une épouse, parfaite), c’est le collectif qui gagne. L’individualité est toujours renvoyée à son échec inévitable. Si dramatiquement, Le Mans 66 est un peu faible, hormis cette relation entre l’ingénieur ex-pilote et le mécanicien-pilote, on ne voit pas le film passer, malgré sa longueur, filant à toute vitesse vers son allégorie : pour avancer, il faut savoir prendre des risques. Les passions crament les ailes de ces absolutistes. Mais la liberté et le bonheur n’ont pas de prix. Pas même le prix d’un champion.
 
vincy

 
 
 
 

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