Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Jeune Juliette


/ 2019

11.12.2019
 



PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FLEUR





On dirait que j’ai hâte de quelque chose, mais je ne sais pas quoi

Décidément, le jeune cinéma québécois nous gâte ! Après Une colonie en novembre dernier, Jeune Juliette est à nouveau un formidable film sur l’adolescence, versant solaire et joyeux. Cela tient pour beaucoup aux dialogues ironiques et désabusés et aux répliques pleines d’esprit du personnage principal. Dès le début du film, on adore quand les deux copines, 14 ans chacune, déclarent d’un ton las “il faut que jeunesse se passe” en observant de loin leurs congénères, qu’elles jugent par ailleurs sans grand intérêt. Cela raconte en une scène tous les enjeux des relations sociales au collège, et l’idée que certains, et en l'occurrence certaines, se sentent en parfait décalage avec le petit jeu puéril des apparences et de la popularité à tout prix.

Si le récit suit scrupuleusement le schéma classique du teen movie, il ne cesse de s’en amuser, et surtout en évite brillamment les clichés ou les attendus. Ici, pas de “première fois”, ni de première cuite, aucune soirée qui tourne à la catastrophe, mais beaucoup de fantaisie et d’humour. Les relations entre les personnages sont également d’une impressionnante finesse, que cela soit au sein de la cellule familiale, entre les deux meilleures amies, ou même, le temps d’une scène, entre l’héroïne et son professeur de lettres. Probablement parce que la réalisatrice porte sur chacun de ses protagonistes un regard bienveillant qui se ressent à l’écran, dans la complicité sincère entre le père et sa fille, ou dans le discours si juste du professeur.

C’est aussi parce qu’il y a beaucoup de pudeur entre les êtres (“Je vais m’ennuyer” lui dit son frère en partant, pour exprimer à quel point elle va lui manquer) que l’on se laisse cueillir par les passages les plus sensibles du film. On est même franchement bouleversé par la scène pourtant terriblement brève où le grand frère parle à Juliette de leur mère. Les séquences où la jeune fille se fait insulter à cause de son surpoids sont elles-aussi puissantes, même si une touche d’humour vient toujours les contrebalancer, et que Juliette finira par avoir sa revanche.

Hors des sentiers (re)battus, Anne Emond propose ainsi un film à l’image de son héroïne : singulier, d’une grande richesse émotionnelle, et terriblement intelligent. De quoi nous réconcilier avec notre adolescence, et envoyer promener bien loin tous les complexes imposés par le regard des autres.
 
MpM

 
 
 
 

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