Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La communion (Corpus Christi)


/ 2019

04.03.2020
 



ENFANT DE CŒUR





« Comment agir ton nom si je ne sais pas gérer ma vie ? »

Le corps du Christ. C’est le titre original (en latin, Corpus Christi) du film, La communion. En fait il y a deux corps, celui du Christ qu’on vénère et celui de Daniel Bartosz Bielenia, impressionnant de charisme et de magnétisme, qui est aussi sculpté que la représentation de Jésus. Les deux sont indissociables tant le Christ est dans la peau de Daniel, la foi chevillée à sa chair.

La communion pourrait être celle de ce jeune délinquant qui réconcilie tout un village en s’inventant prêtre, celle de ce jeune homme qui retrouve une paix intérieure, ou encore celle d’un être scindé en deux, entre ses instincts et sa passion (christique). Au milieu de ce monde de sauvages (et qui est d’ailleurs responsable de cette sauvagerie, comme on le voit à la fin), incapable d’endiguer la violence et la haine, il apparaît tel le Messie, capable de compassion et de pardon.

Il n’y a rien de religieux, dans le sens prosélyte, car c’est avant tout le parcours d’une catharsis. A cause de son casier, il ne peut pas être prêtre. Mais bien moins corrompu et vicié par l’église qu’un ecclésiaste, plus pur disons, il est sans doute tout ce que l’on attend d’un bon prêcheur. Habile en menuiserie, comme Jésus était charpentier, la vierge tatouée dans le dos (splendide strip-tease de l’église pour démontrer qu’il est meilleur croyant et moins hypocrite que les autres), sa rédemption est tout autant touchante que fascinante.

Certes, il y a le sexe, la coke, l’alcool. C’est un pêcheur devant l’éternel. Mais toute vermine a le droit au pardon. Ses bonnes actions le remettent sur le droit chemin.

Il est iconoclaste, entre psy à l’écoute et médiateur communautaire. Face à un village secoué par une tragédie, en deuil et bouillonnant de haine, il en impose. Il sait être évangéliste et enflammé, philosophe et simple. Moins avide, moins intolérant, moins cupide que ses congénères, ce personnage est sans aucun doute l’un des plus beaux vus récemment au cinéma.

Parce qu’il a ses failles. Parce que l’humanité (les villageois et la curie) est dépeinte par ses faiblesses. « Pardonner, c’est aimer, mais ce n’est pas oublier ».

Alors on lui pardonne tout, même si on n’oublie pas qu’il est un petit criminel dans le sang. Dieu est sa béquille pour porter une croix trop lourde. De plans larges en plans rapprochés, de paysages en visages, de vérités en mensonges, le film déroule en une image, un regard, toutes les facettes de son évolution. C’est habité comme il est habité. Ambitieux dans son intention, à l'image de ce jeune homme audacieux.

Lui aussi a ses cicatrices, ses plaies. C’est parce qu’il a vécu qu’il sait transmettre, sermonner, respecter. Il est amoché, surtout par son Judas, il finit en enfer. Note amère et cieux sombres.

Ce Daniel n’est pas un saint. Mais le cinéma a cette capacité à le transformer en une icône, une bougie aux flammes ardentes qui scintillent longtemps dans nos yeux. Pas la peine de prier ou de croire : c’est de l’humanité brute, et brutale, qui nous est offerte en ostie.
 
vincy

 
 
 
 

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