Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 1

 
Radioactive


/ 2019

11.03.2020
 



L’ALCHIMISTE





« L’opinion des autres n’a jamais dicté mes actes. »

Marjane Satrapi passe Marie Curie aux rayons X. La plasticienne, dessinatrice, autrice et réalisatrice abandonne ses adaptations de BD et ses comédies foutraques et décalées pour un film plus académique, en costumes et historique.

On voit bien ce qui l’a intéressée (interpellée) dans le personnage de Marie Curie, irréprochablement interprétée par Rosamund Pike : la savante double prix Nobel (en physique et en chimie), la femme indépendante et émancipée (même si elle n’en fait pas un combat féministe), l’immigrée intégrée (quitte à se prendre la haine de la société au moindre écart moral), le caractère affirmé et curieux (renvoyant les hypocrites et le patriarcat dans ses cordes).

Le scénario de Radioactive dépeint toutes ces facettes, sur le mode chronologique. Mais le film se distingue du genre en insérant des séquences courtes illustrant concrètement les découvertes des Curie, de la radiothérapie au nucléaire. En montrant ainsi les effets dans le temps d’une recherche scientifique fondamentale, la réalisatrice signe une ode à la science, que ce soit dans ses bons aspects (médecine) comme dans ses plus néfastes (Hiroshima, Tchernobyl). Ces vignettes formidables sortent aussi le film de son carcan biographique, lui donnant la respiration nécessaire, sublimées par une musique qui rappelle certains accents de celles de The Hours.

Radioactive n’est pas non plus un film sur les Curie, même si on voit bien la mécanique intelligente (et un peu bluette) du couple sapiosexuel. Là encore, Satrapi, qui a débuté par la coréalisation avec Vincent Paronnaud, se voit dans ce miroir. La cinéaste filme aussi la scientifique après la mort de son époux, comme elle-même s’est lancée en solo dans le cinéma.

Du cabaret avec les magnétiseurs qui exploitent (au détriment de leur santé) le radium aux tranchées de la première guerre mondiale où Marie Curie et sa fille vont sauver des centaines de soldats d’amputations inutiles, le film s’attache ainsi à fusionner la personnalité singulière de cette femme née en Pologne et son métier (son génie) offert à la France.

Un peu engoncé dans ses étapes narrative obligatoires, et dicté par un rythme qui ne veut pas ralentir pour donner de l’espace au personnage au-delà de ses grandes dates symboliques, le film réserve malgré tout suffisamment de surprises, et quelques légères folies, pour nous faire vivre ce destin incroyable. Marie Curie est une femme exceptionnelle, libre, défiant le puritanisme et le racisme, naviguant entre lumière, rayon vert et ténèbres. A l’exception des scènes qui nous projettent dans le temps, il faut cependant attendre l’épilogue pour retrouver la patte de Satrapi avec ce final quasiment sans dialogues, où les images défilent sur fond musical, mélangeant passé et futur, comme une course accélérée qui résume une vie avant qu’elle ne s’éteigne. Le radium aura été son joyau vert fluo et sa fatalité. La science est toujours une arme à double tranchant.
 
vincy

 
 
 
 

haut