Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La bonne épouse


France / 2020

11.03.2020
 



(IN)SOUMISSION





« Je veux bien être ta femme mais pas un hologramme. »

C’est culotté, pour ne pas dire foutraque cinématographiquement. Martin Provost s’essaie, avec La Bonne épouse, à un mélange des genres, avec plus ou moins d’inspiration.

On apprend ainsi qu’il existait des écoles pour faire de bonnes ménagères. Mais le vent de libération de la femme à la fin des années 1960 aura eu raison de ces institutions où la femme n’existe que pour l’homme.

A travers un récit d’émancipation, où trois femmes pas vraiment puissantes et bien seules vont devoir s’affranchir de leur culture et de leur éducation, le réalisateur se lance dans un plaidoyer pour l’égalité des sexes, dont on ne peut que se réjouir.

Une bourge, une religieuse et une prolo sont amenées à sauver leur école de jeunes filles bien élevées, qui commencent pourtant à digérer le deuxième sexe de Simone De Beauvoir, les conseils de Ménie Grégoire sur RTL, et la révolution sexuelle amorcée par Brigitte Bardot. Il faut dire que les trois « profs » ne sont pas des modèles, tant elles souffrent de manque affectif et sont frustrées sexuellement.

A farce forcée

A l’esclavagisme et la soumission, elles vont répondre par l’autonomie et l’indépendance. Après tout, les bonnes mœurs varient avec l’air du temps. Provost, avec une esthétique théâtrale proche de certains films de François Ozon et des sitcoms, flirte avec la farce (Binoche en fait légitimement des tonnes en femme coincée, et ça lui va bien, Lvovsky a des allures de Sœur Marie-Thérèse des Batignolles échappée de Fluide Glaciale, et Moreau est exquise en vieille fille bienveillante). Il alterne avec une dramaturgie assez classique façon vaudeville, une chronique de l’adolescence et une sorte de mélo romantique un peu niais et poétique. Cette dernière partie, avec Edouard Baer, pourtant impeccable dans son personnage d’homme amoureux et moderne, plombe un peu le rythme et le ton enjoué de La bonne épouse.

Tout le monde (sur)joue l’outrance mais chacun reste dans sa case. On peut craindre le ridicule à certains moments (notamment cette fin un peu vulgaire et mal filmée, qui se veut un hommage à Jacques Demy). « Sainte ou catin, moi je veux jouir ! » entendons-nous. On ne peut contester ce droit d’être une femme (et pas un hologramme) mais cela fait mal aux oreilles en terme de qualité d’écriture. Trop didactique, cet épilogue métaphysique fait dérailler le film et nous laisse sur un bas côté avec une impression d’avoir raté le virage formel que Provost voulait nous faire emprunter.

On peut aussi se réjouir de certaines autres déviances cinématographiques comme ce reportage d’une émission de télé sur l’école, qui s’amuse de sa propre parodie, ou les quelques gags vieux comme le cinéma, mais qui fonctionnent.

A défaut d’être un bon film, La bonne épouse surprend parce qu’il n’est pas si sage, malgré ses apparences.
 
vincy

 
 
 
 

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