Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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The Station Agent


USA / 2003

24.12.03
 



TRAINSPOTTING





" - Regardez-moi !"

Petit mais costaud. Ce film n’a rien d’un blockbuster, mais peut se permettre des les affronter sans sourciller. Au cinéma, tous les films sont égaux, une fois que nous sommes dans une salle. L’émotion est là, ou n’y est pas. The Station Agent a pris tous les bons aiguillages et, une fois arrivé à destination, il nous aura permis de passer un bon voyage.
Certes, le film a le défaut d’avoir cette image si typique des films indépendants américains, à l’instar d’un Thirteen ou d’un American Splendor, un peu délavée, un peu terne. Tout le contraire du Lost in Translation de Sofia Coppola ou du Elephant de Van Sant ; c’est ce qui empêche le film de l’acteur Tom MacCarthy de s’élever au-dessus de la moyenne des excellents films indépendants de l’année.
Mais, avant tout, il faut saluer l’intelligence de l’écriture. Car The Station Agent, s’il touche à ce point le public, reste un film merveilleusement écrit. Loin de vouloir faire du sentimentalisme politiquement correct, le scénario normalise d’entrée notre regard sur le personnage central, Finbar, un nain, fan de trains. Quelque part son hobby nous apparaît plus excentrique que sa hauteur. Jamais le spectateur ne doit arbitrer ou juger un soi disant handicap.
Certes, le début du film nous montre à quel point les personnes de petites tailles souffrent : des moqueries, du mépris ou simplement de ce monde inadapté à leur dimension. Cette introduction nous induirait même en erreur. On croit à un film entre un grand noir et un petit blanc. Mais cette vie va vite s’écrouler. Après un déraillement soudain, Finbar va devoir suivre sa propre voie, entre tunnels, virages et grandes lignes droites.
En quelques scènes, la psychologie du personnage est installée avec finesse et tendresse, sans compassion ni excès de pathos. Ainsi, le film peut commencer et nous raconter sa vraie et belle histoire. L’histoire de gens marginalisés par leur physique, leur isolement, leur passé, d’où naît une amitié sincère, empathique, entre un être méfiant et solitaire, une femme tourmentée et chaleureuse, un latino-américain généreux et envahissant. Tout cela semble improbable à la lecture. Mais à l’écran, tout est naturel. Bien vu. Même dans un coin paumé du New Jersey, dans une gare désaffectée, il n’y a pas de moyens de vivre en paix. Mais cela signifie aussi qu’on peut rencontrer les " autres " et ne plus avoir à s’en méfier. Car il faut souligner l’importance des relations tissées avec les autres personnages, plus secondaires : la gamine qui partage la même passion que cet étranger ferrovipathe ou encore cette bibliothécaire charmante et douce. Dans ce débordement d’humanité, très attachant, ces êtres aux frontières de la dépression et proches de s’abandonner à leur sort forment un trio vivant, et jamais déprimant. Il y a même une légèreté dans cette désolation. Car l’espoir serait que cela se finisse bien, comme si le parcours devait absolument mener à une amitié plus forte que leurs réticences.
Cette Amérique décalée, où les gens encaissent et savent s’effacer en silence, est de plus en plus l’objet de films (cf American Splendor là encore) ; une forme de contre-culture s’affiche de plus en plus visiblement. Loin de l’arrogance et de l’esprit de domination hollywoodien. Dans le clair-obscur des relations où il est impossible coller une étiquette. Chronique douce amère, nous passons d’agréables moments sur ce trajet inusité, un peu comme ces gens qui forment des groupes d’habitués dans les trains de banlieue, avec leurs rituels. Un train de vie réconfortant à l’arrivée.
 
Vincy

 
 
 
 

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