Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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 (c) Ecran Noir 96 - 24


The con  



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Super Size Me


USA / 2004

30.06.04
 



LE CONTE DU VENTRE PLEIN





"- Il y a un cheveux long et gras dans mon sundae."

"Nourris-moi!!!" hurlait la plante carnivore dans La Petite Boutique des Horreurs. Super Size Me n'est jamais que l'explication élaborée de ce phénomène étrange où des êtres humains sont en fringale permanente jusqu'à devenir obèses. Si ce documentaire est percutant, c'est bien qu'il punch au bon endroit : dans l'estomac, mais aussi dans nos têtes. L'agression contre McDo n'est qu'une illustration du propos. A l'instar de Moore qui choisissait General Motors pour parler de désindustrialisation, Nike pour les délocalisations et Charlton Heston pour l'armement des citoyens. Dans ce pays qui se vante d'avoir tout de plus grand et de plus gros, les individus commencent à souffrir de cette surenchère pas seulement consumériste mais aussi alimentaire. McDo est l'un des accusés, aux côtés de compagnies américaines mais aussi européennes (Sodexho, Nestlé, ...). Le phénomène est devenu mondial. L'obésité est devenu un réel handicap. Une maladie qui va tuer plus que le tabac, qui va empêcher notre civilisation de bouger, qui va coûter une fortune aux systèmes de santé. Et Morgan Spurlock filme ainsi un McDo situé... dans un hôpital!
Car il ne manque pas d'humour ce documentaire qu'il faut absolument prendre au sérieux. Des petites animations pour nous distraire et des images suffisamment ironiques pour nous faire sourire... jaune. Notamment quand vous constaterez que la moitié des interviewés ont eux-mêmes un problème de gras dans le bide. Une sauce de rock en musique et le documentaire vise clairement un public très large, se chargeant du mélange ardu entre pédagogie, encyclopédie et comédie. Super Size Me est surtout très bien construit dans on argumentaire, n'oubliant ni les explications médicales, ni les propos politiques (incisifs), ni les anecdotes personnelles qui permettent l'identification du spectateur aux victimes de la "malbouffe". Impossible de résumer tous les enjeux, ni même les dangers de ce système. Mais le documentaire vaut des dizaines d'actions maladroites et primaires de José Bové.
Car Morgan Spurlock y laisse sa peau. D'une certaine manière. Voici un Américain qui n'a rien d'un top model, grand, mince, mais pas bodybuildé ni anorexique. 84 kilos au début. 97 kilos trente jours plus tard. Clairement, avec un Michael Moore, nous n'aurions pas pu voir la différence. Ici, flagrante, elle refroidit le plus chaud des partisans de fast food (il y en a?). Car le documentariste ne fait pas qu'interviewer, il sert de cobaye scientifique (jusqu'au toucher rectal!). Et nous offre une leçon de diététique hallucinante dans un pays à la fois obsédé par le culte du corps et coupable d'obésité massive. Et en quelques séquences tout nous est expliqué : le lien avec la pauvreté, l'absence d'exercices physiques, la manipulation sur les enfants, les menus à la cantine scolaire, et la taille des proportions servies. Des citoyens qui connaissent par coeur les slogans publicitaires de McDo mais pas la devise américaine. Des gamins qui reconnaissent Ronald MacDonald's mais pas le Christ, des McDo qui offrent des aires de jeux dans des zones défavorisées, des aliments bourrés de sucre pour nous rendre accros, des sodas de 2 litres (8 cuillères à sucre pure)... Qui a besoin de tant boire, de tant manger?
Tout cela vous fait gerber? Ne culpabilisez pas, le documentariste en vomit lui-même parfois. Pourquoi harcèle-t-on les fumeurs et oblige-t-on les gens à manger n'importe quoi et n'importe comment? Signal d'alarme qui n'hésite pas à pointer toutes les contradictions économiques, politiques (au passage on égratigne un peu Bush, ça fait du bien), sociales, et culturelles d'une civilisation malade d'elle-même, le documentaire ne cherche pas une morale. Les résultats suffisent à parler d'eux même. L'alimentation a un effet sur la concentration, le comportement, la sexualité, l'état psychologique de chacun. En 21 jours de fast food, Morgan Spurlock a réussi à terrifier ses médecins. Sa santé était atteinte. Combien d'années faudra-t-il à nos pays pour réagir et mettre au pas ces conglomérats alimentaires pour notre bien à tous? En éduquant les enfants par exemple, en limitant les quantités servies dans ce genre de "restaurants", en augmentant le nombre d'heures de sport...
Face aux grands mensonges de McDo, à leur malaise face à cette agression cinématographique (et salutaire), le spectateur se délecte, réjoui de voir David ayant pu mettre Goliath K.O.
 
vincy

 
 
 
 

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