Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Abril Despedaçado (Avril brisé - Behind the sun)


Brésil / 2001

30.04.03
 



LES MAINS SALLES





"- Ils préfèrent s’entretuer à s’entendre. Enragés !"

Pour la terre, les hommes sont prêts à tout. Au nom de préceptes comme l’honneur qui imbibent leur réflexion sur leur survie, l’Homme accepte de se détruire. Sur cette base, se construisent les plus belles tragédies. En voici une. Albanaise d’origine, Brésilienne désormais. Universelle, finalement. On pourrait croire que c’est une histoire de fous tellement elle est irrationnelle. Même les bêtes tournent en rond toutes seules. Les femmes poussent au crime. Les jeunes gens meurent au lieu de reprendre le flambeau. Stérile. Vain. Débile ?
Walter Salles en extrait un drame presque trop poétique. Nous sortons indemnes, à peine émus, presque heureux de cette fin pourtant amère. Même si son passé de documentariste nous offre un beau portrait du Brésil rural de l’époque, le cinéaste nous livre de magnifiques images, lyriques, où les corps défient l’apesanteur. La chasse à l’homme, au début du film, est une traque si intense qu’on en oublie son objectif tellement l’image porte en elle une beauté macabre.
A la fois véloce et contemplatif, le montage flirte avec ce vertige qu’est la vie, avec cette peur au ventre de mourir pour raison dérisoire. Tout coule de source : la morve de Tonho, les larmes du spectateurs, le destin qui vide le sablier... Mais le scénario ne sait pas quoi choisir : la fraternité, la rivalité, la famille ou l’amour. De loin, la première est bien mieux exploitée, portée par deux acteurs charismatiques, l’un pour sa beauté (Rodrigo Santoro) et l’autre pour son naturel (Ravi Lacerda). De même, la vie familiale a certainement été sacrifiée au montage, ne permettant pas de comprendre toute la subtilité amour/haine de la relation père/fils.
Pourtant les bonnes idées ne manquent pas et le spectateur a le plaisir de voir un film inspiré. La chemise du défunt qui vole au vent semble hantée par un fantôme, la jeune et jolie femme qui tournoie dans les airs dans une danse amoureuse, ... Dans ce Ruisseau des âmes, au milieu de rien du tout, l’eau s’est évaporée et les âmes se sont égarées. Le mysticisme irrationnel typiquement brésilien ne facilite pas à briser cette spirale infernale où l’assassin sera le prochain sur la liste, tué par le frère de la victime jusqu’à l’extinction complète des mâles adultes. A force de se rendre oeil pour oeil, les pères, auteurs de ces vengeances sans jamais être jugés ou culpabilisés, en deviennent aveugles : au sens propre (la famille rivale) comme au sens psychologique (le père de Tonho ne saisit pas sa folie destructrice).
Si avril est brisé, et par conséquent inégal, le printemps reste possible. "Espero" veut dire Je t’attends en portugais. Les rares mots ne sont pas de trop. Ici il y aussi un désir formulé : J’espère. Tout est dit. Pas de messe, cette fois-ci.
 
Vincy

 
 
 
 

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