Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Adaptation


USA / 2002

26.03.03
 



QUI VEUT LA PEAU DE CHARLIE KAUFMAN ?





"- Toi et moi on partage le même ADN, peut-on se sentir plus seul ?
- Uh ? Qu'est ce que tu dis frangin
"

Charlie Kaufman est un type modeste, il l'avoue lui-même, il déteste se mettre en avant, parler de lui. Il faudrait croire qu'il souffre d'un sacré manque de détachement par rapport à sa personne pour se coller en double exemplaire dans ce qui est sa tentative d'adaptation d'un roman réputé coton à transposer à l'écran. L'exercice est pourtant tellement inspiré qu'on s'en tiendra au mystère du génie. Car tel un chat, le nouveau virtuose de l'écriture cinéma après un long vertige de la page blanche, s'est tout de même permis de servir aux spectateurs ce qui peut représenter une des plus belles disgression autour du thème de la création, mettant à tribut ses limites pour mieux aboutir à une nouvelle expérimentation scénaristique dont il a le secret. Adaptation se présente donc comme un film boîte de fromage. Désormais fidèle à ses habitudes, Kaufman joue avec les miroirs de la réalité et de la fiction, pour nous perdre dans un labyrinthe cérébral, tel la vache qui ri et qui se reflète indéfiniment dans la reproduction de son image imprimée sur ses boucles d'oreille. Son intrigue chaotique semble devoir évoluer au gré des multiples phantasmes des auteurs qui en écrivent les lignes. Kaufman lui-même, sa projection dans le film, mais aussi Susan Ocean, interprétée par Meryl Streep, décidément très inspirée ces derniers temps, qui formate elle aussi l'intrigue selon son propre imaginaire. Ajoutez à ce bel ensemble de vues de l'esprit, le grain de sel de Robert McKee ( l'incontournable auteur de la bible Story, référence dans le milieu scénaristique), interprété par Brian Cox et rapidement le spectateur se demande à quel niveau fictionnel il se situe.
Le terrain de jeu ouvert par Kaufman autorise Spike Jonze à exécuter quelques pirouettes du plus bel effet (un accident de voiture terrifiant, une séquence accélérée centrée sur l'évolution impayable), soignant par cette occasion sa réputation de réalisateur surdoué et inventif. Le metteur en scène aura du mal, et c'était déjà le cas pour Being John Malkovich, à conclure son film, tant le délire de son matériau de base finit par le propulser vers des altitudes hautement perturbées. La dramatisation outrancière du dernier quart du film, suggérant une conclusion désespérée, pourra ainsi se révéler un peu décevante car tournant un peu trop en roue libre. Voila qui ferait mentir Charlie Kaufman lorsqu'il prétend qu'en compliquant les choses, celles-ci deviennent fatalement intéressantes.
La double performance de Nicolas Cage fera cependant oublier les limites de l'élasticité de la gymnastique Kaufman. Hilarant lorsqu'il se donne la réplique, il trouve ici une dimension comique à laquelle il nous avait peu habitué, malgré sa présence usuellement fringante et riche en répartie. Alternant les mines contrites d'un Charlie déprimé par sa propre condition avec l'insouciance de son frangin joyeusement taré, son numéro est loin de se réduire à celui d'un clown. Les deux rôles sont merveilleusement écrits et reflètent un sens de la finesse et de l'observation proprement saisissant. La paire illustre idéalement dans ses contraires l'amplitude de l'état d'auteur, telle une chimère disséquée et dont les parties se doivent d'être réunies pour former un tout cohérent et en état de fonctionner.
Exercice de style souvent bluffant, Adaptation devrait s'imposer comme un des plus fascinants hommages rendus à l'artiste, cette pauvre créature vulnérable et tiraillée par ses muses capricieuses, en perpétuelle recherche de la lumière expressive.
 
petsss

 
 
 
 

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