Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le pharmacien de garde


France / 2003

15.01.03
 



LE TRAIN-TRAIN DE L'ENFER





"- Flic, je croyais que c’était comme dans les films américains. Mais en fait c’est comme dans les téléfilms français."

Chronique d’un serial killer en blouse blanche sur fond de banalités quotidiennes. La trame du Pharmacien de garde promettait un vrai film de genre, labellisé "polar aux frontières du fantastique et de l’horreur". Un film d’autant plus singulier que le genre fait exception dans le cinéma français. Au final, on déchante très vite, tant le scénario est linéaire, stéréotypé et exempt de toute dimension psychologique. Pour un thriller, c’est mal parti ! Reste une mise en scène performante et bien rythmée pour faire courir le spectateur. Mais aussi l’humour (cherchez l’erreur) : à défaut de situations trépidantes, on se replie sur les séquences cocasses, largement développées à travers les déboires affectifs de ce flic maladroit. Cocu, largué par sa copine et donc perturbé, sa tristesse est l’unique prétexte pour justifier l’histoire d’amitié, naissant en un clin d’oeil, entre les deux protagonistes. Un premier coup de baguette magique qui, dès le départ, rend l’intrigue assez improbable. D’autant plus qu’on ne va pas au-delà : l’histoire d’amitié se suffit à elle-même et reste en surface, normalisant ainsi les liens instaurés entre le flic et le serial killer.
Il y avait pourtant, dans cette relation fraternelle, de quoi servir directement l’action, dans le registre du thriller. Au final, le scénario est à la limite d’une comédie sentimentale introduite par un défilé de meurtres diaboliques. Les clichés, récurrents dans les dialogues et le comportement des personnages donnent quelques peu l’impression de tourner en rond. Résultat : très vite, l’intrigue policière s’efface et, avec elle, les promesses d’une histoire à suspense. Dès le début, le récit est ponctué de faits gratuits et souvent peu crédibles : ici, le pharmacien avoue ses meurtres à un ami ; là, le flic sympathise avec un travesti, avant de découvrir que celui-ci, justement, est un témoin capital pour son enquête. La totalité de l’histoire évolue ainsi, de manière aléatoire, donnant souvent une impression d’évènements précipités, réunies en bout à bout par l’unique oeuvre du hasard. Le dénouement emprunte, également, cette voie : au final, quand l’histoire commence à prendre une allure de thriller, le film touche déjà à sa fin. L’intrigue se démêle soudainement et à vitesse grand V. Déceptions garanties pour le spectateur.
Le scénario du pharmacien de garde reste donc très simpliste. L’histoire est très carencée, mais le film parvient, tout de même, à trouver un rythme, permettant au spectateur de digérer la linéarité du récit. Nous l’avons dit plus haut, la mise en scène de Jean Veber est le principal moteur du film. Gros plans, travellings rotatifs, accélérations des mouvements de caméra, rythme sonore, jeux sur les silences, les regards, lumières, musiques et décors : dès les premières séquences, le réalisateur nous plonge dans un univers sombre, fidèle à l’identité visuelle des polars. Sur un plan esthétique, ce premier long métrage est incontestablement réussi. Quant au jeu d’acteurs, et notamment celui de Vincent Perez, il est d’un grand secours aux carences scénaristiques. Le comédien incarne à la perfection ce personnage ambivalent, à la fois paisible et diabolique. La constance de son jeu interpelle le spectateur et lui évite de décrocher, dans les temps morts. L’interprétation de Guillaume Depardieu, elle, apporte une bonne dose de tempérance. Son jeu est sincère et bien cadencé. Au final, les deux personnages principaux sont plausibles... Dans la mesure du possible ; car il faut bien dire que la multiplication des faits et dialogues stéréotypés, les desservent fortement.
Focalisé sur une caractérisation constante des protagonistes à travers leur histoire d’amitié, Le Pharmacien de garde ne parvient pas à faire décoller la véritable action et l’atmosphère promise au pitch du film : un polar pimenté de fantastique. Coté surnaturel, et faut se contenter de quelques références aux pratiques druidiques et d’un trio de coccinelles, transformées en insectes tueurs. C’est pas folichon. Jean Veber voulait crédibiliser son histoire en l’enracinant au plus près de la réalité quotidienne. A force de démonstrations, il semble bien être passé à côté de ses intentions initiales. Amateur de sensations fortes s’abstenir.
 
sabrina

 
 
 
 

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