Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Gegen die Wand (Head-On)


Allemagne / 2004

21.07.04
 



ET LA TENDRESSE ? BORDEL !





" - Le mariage est un manège. Tu mets une pièce, ça tourne en musique, mais le cheval est en bois"

Que font deux âmes en peine suicidaires lorsqu’elles se croisent par hasard en pleine clinique ? Pour le réalisateur Fatih Akin, elles s’empressent de se marier. Cupidon cependant semble ici avoir lamentablement raté sa cible. Aucune trace de passion ou de plaisir charnel dans une union aussi insolite que faussée. Seul le résultat compte. Sibel, jolie et exubérante, trouve dans ce Cahit dépenaillé et usé, un inespéré bon de sortie via une liberté jusque-là étouffée. Et quand le poisson accepte docilement de mordre à l’hameçon, la sainte bénédiction des parents musulmans n’inquiète déjà plus grand monde. Le spectateur lui, pouvait s'angoisser du traitement infligé à une histoire aussi peu ordinaire et rocambolesque. Fatih Akin choisit de le prendre sans cesse à contre-pied. Dès le début de Head On, le jeune réalisateur turc brille à opposer l’existence rebelle et débauchée des deux héros au monde aseptisé des parents de la jeune fille. Ou quand la "quiétude" religieuse côtoie le fracas des soirées obscures et alcoolisées. Le récit, qui oscille entre mise en scène nerveuse puis classique, ne s’en trouve jamais perturbé. Head On alterne entre comédie originale et drame poignant sans coups férir. Les deux personnages n’en sont que plus admirables. L’exubérance de Sibel, faussement impitoyable, aura vite raison de la solitude forcée de Cahit. Les coups d’éclats et de violence que leur impose le cinéaste ne font qu’attiser une passion que le spectateur redoute. Sans que l’on puisse lui donné tort.

Head On ne se veut pas seulement une vision acerbe de l’amour. Fatih Akin observe d’un œil sévère une Allemagne recomposée qui ne parvient toujours pas à chérir ses jeunes turcs qu’elle a vu grandir. Coincés entre deux cultures qui les jugent, cette génération perdue n’a que la décomposition comme bouée de sauvetage. Akin évite tout de même tout pamphlet politique ou autre revendication communautariste. Le poids de la tradition et de l’Islam si chers aux adultes, ne trouve pas plus grâce à ses yeux. Avec un humour insolent et jubilatoire, le réalisateur distribue les mauvais points aux gardiens d’un puritanisme et d’un obscurantisme dépassés (éloquente scène du jeu de cartes entre les époux). Cette volonté d’affirmer son bon droit entraîne parfois Akin sur des chemins de traverse simplistes et la femme musulmane ne trouve son salut qu’à travers le sexe et l’aventure. En dépit de ses qualités certaines, Fatih Akin cède petit à petit à une facilité narrative moins subtile. La seconde partie et le voyage à Istanbul frôlent parfois le larmoyant et l’auteurisme gonflant. Rien ne s’y dit et rien ne s’y passe. Ce mutisme ambiant s’avèrera au final un moindre mal. La sensualité explosive de Sibel Kekilli y épouse admirablement la colère et le désespoir contenus de Birol Ûnel. Une association de talents hors normes qui semble avoir sceler avec succès le destin de Head On à Berlin.
 
jean-françois

 
 
 
 

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