Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Kurenai no buta (Porco Rosso)


Japon / 1992

21.06.95
 



COCHON MALGRE LUI





"- Et si je t'embrassais ?... Tu redeviendras paut-être un homme ? Comme la grenouille dans les contes..."

Comment ne pas être séduit par Porco Rosso ? Ce film sillonne les vagues humaines avec la légèreté d'un nuage. Et l'avion rouge écarlate de Porco Rosso passe de la mer au ciel avec habileté et jubilation. On pourrait presque résumer le film à ces deux termes - aussi valable pour son réalisateur que pour le spectateur -, mais s'engouffrer dans cette histoire (originale) est un tel plaisir qu'il n'est pas question de s'arrêter là. Le scénario, sous ses allures de conte pour enfant, recèle de richesses et de rebondissements. Le pilote inconnu Marco est devenu le célèbre pilote Porco Rosso.
Cochon malgré lui, par honte et par culpabilité, il s'est coupé de la terre ferme pour se rapprocher un peu plus de l'au-delà et de ses éléments imprévisibles. Quoi de plus instable que ces îles éparpillées dans l'Adriatique, mer fermée où rodent batailles de l'entre-deux guerres et mémoires échevelées de combats slaves et latins ?
Le récit ne pouvait choisir de lieu plus symbolique comme incarnation de l'impermanence et de ses dérives humaines. Par voie de conséquence, la maison de notre héros ne pouvait être qu'une de ces îles au milieu de nulle part et destinées à être elles-mêmes ensevelies. Seule dérogation à cette conscience : aller voir la chanteuse du bar des pilotes. Mais Il faudra une nouvelle disgrâce pour que Porco Rosso rencontre Fio, petit ange juvénile qui le rendra à sa vie terrestre. Sous une enveloppe drôle et tendre, Hayao Miyazaki parvient à donner une véritable profondeur à son sujet, ainsi qu'à ses protagonistes.
Chaque personnage, du plus fugace au rôle principal, véhicule des émotions justes et sensibles. Porco Rosso (extrêmement bien doublé en français par Jean Reno) se pose en vieux baroudeur désabusé et dissimule ses instincts généreux derrière ses petites lunettes noires. Fio est vive et espiègle à souhait et réveillerait un régiment à elle seule. A travers la chanteuse mythifiée au regard triste, la mélancolie s'infiltre dans la narration par une poésie incroyable. Et autour de ces trois piliers, gravitent toutes sortes d'énergumènes aussi cocasses qu'authentiques. Il suffit de découvrir le bellâtre made in USA, pilote arrogant bavant sur le rêve Hollywood. Mais même ce dernier possède ce petit éclair qui le rend unique, indispensable, attachant. Le design de ces personnages est tout en finesse et en détails.
Ils ont tous un signe distinctif, un regard à part : la rondeur charismatique et vulnérable de Porco Rosso ; Fio et son visage androgyne avec son nez de bébé et son corps mince comme du papier à cigarette, arborant sa salopette bleue devant les yeux ébahis de quelques malabars ; la chanteuse longiligne comme une tige de fleur, vêtue de tenues fragiles comme de l'air... Chaque courbe, chaque ligne de l'animation, est réfléchie et cohérente. La musique elle-même respecte la période décrite et se permet quelques créations supplémentaires pour la nourrir un peu plus encore. Non seulement le film porte un regard historique et social sur cette partie du monde - il faut voir le portrait des mamies du sud embauchées pour réparer l'avion de Porco Rosso -, mais il inscrit aussi tout un univers onirique qui transcende toute analyse. C'est ce mélange délicat entre rêve et réalité qui donne à l'oeuvre de Hayao Miyazaki, une alchimie pleine d'originalité et de fantaisie. A voir, à revoir, à faire voir.
 
claire

 
 
 
 

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