Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Ali


USA / 2001

27.02.02
 



ALI ID





"- Ils lui ont pris son nom et qu'a t-il eu en échange? Des costumes ringards..."

Premier bon point : ce film n'a pas marché aux Etats-Unis. Et on comprend aisément pourquoi. Rendez vous compte : un champion de boxe, noir, objecteur de conscience et musulman! C'en est un peu trop pour des américains encore sous le choc du 11 septembre. L'influence contextuelle mise de côté, on gardera d' Ali la vision d'une oeuvre existentielle doublé d'un film à consonance politique qui se paye le luxe de revisiter l'histoire des Etats-Unis des années 65 à 75. Car Ali n'est pas un film sur la boxe et encore moins une biographie sur Mohammed Ali. C'est l'allégorie d'un homme qui se bat aussi bien avec ses poings sur un ring qu'avec ses mots dans la vie. Derrière l'universalité du message, se dessine le parcours singulier d'un homme qui a changé de nom pour ne plus être un esclave. Ses choix, ses hésitations, ses diversions, ses coups de gueule ont forgé son destin. C'est donc le film d'un choix de vie et d'un point de vue.
Et c'est là que Michael Mann intervient. Pour filmer le combat d'une vie, l'humanité d'un boxeur de légende jusque dans ses contradictions. Car Mohammed Ali est le fruit de son époque. A la fois agitateur et diplomate, entouré d'un souteneur juif et d'un entraîneur chrétien catholique, sa trajectoire va croiser l'engagement de Malcom X, l'influence idéologique islamique d'Elijah Muhammad et le pacifiste de Martin Luther King jusqu'à l'arrivisme d'un Don King.
Dans cette recherche du Père, les femmes sont souvent les plus pragmatiques : de sa première femme qui refuse de porter le voile islamique en passant par la seconde qui le met en garde face aux vautours argentés qui se disent ses amis après son retour sur le ring, chacune d'elles, à leur manière, prévient Ali du danger de l'idéologie religieuse ou de la récupération capitaliste. Pétri par le doute mais n'écoutant que sa volonté et son courage, il arrive à faire abstraction des avis de son entourage et à suivre sa ligne de conduite, assumant ses choix jusque dans ses erreurs. C'est à ce prix qu'il en devient humain et sincère. Son refus de s'engager dans la guerre du Viêtman au simple fait "aucun Viêt-Cong n'a jamais tuer un noir", est l'empreinte même de son esprit indépendant et farouche.
Si il doit ressortir une quelconque morale de ce film, ce serait la suivante : "La victoire est une chose, mener un combat en est une autre". Comme il le dit lui-même, "il faut vivre et mourir en fonction de ce que l'on croit juste. C'est une idée simple, mais ce n'est pas une idée facile".
Même si l'instinct vient souvent confirmer ses intuitions ou ses choix, toute la vie d'Ali n'aura été que l'accomplissement d'une prise de décision mûrement réfléchie en amont. Le match contre Forman au Zaïre en est le plus bel exemple. Techniquement, ces scènes, très inspirées, ne sont pas sans rappeler celles de Raging Bull de Martin Scorsese ; autre film culte. On peut d'ailleurs s'apercevoir de l'évolution de la technologie : de la caméra stylo accrochée aux corps des boxeurs pour rendre subjectif les coups portés, en passant par la caméra portée sur le ring jusqu'à lent travelling latéral à l'extérieur du ring pour rendre toute l'ampleur des déplacements des corps, toute la mise en scène est là pour mettre en évidence le temps du combat (récupération, gestion des coups) et la mise en place de la stratégie (intentions, esquives). Will Smith n'aura d'ailleurs pas à pâlir face à De Niro, car il nous offre l'une des ses meilleures performances, minimaliste et toute en nuances. Il a su rendre à la fois la force et l'agilité physique de Mohammed Ali en même temps que ses tourments intérieurs.
Mentions spéciales pour la splendide photo de Emmanuel Lubezki (Sleepy Hollow de Tim Burton) pour le montage, le travail sonore et le maquillage qui aurait bien mérités quelques nominations aux Golden Globes et aux Oscars. A bon entendeur…
 
christophe

 
 
 
 

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